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Claire croisa soudain le regard de Zamir. L’Israélienne l’observait avec une haine si intense qu’elle eut peur. Il y eut un bruit de moteur. Quelques instants plus tard, Rachid Mounir entra, escorté de Bill. D’un coup d’œil, il photographia la scène. Claire attendait, ne sachant que faire.

L’Irakien s’approcha de Rhonda, lui ramena la tête en arrière en la tirant par les cheveux et ordonna calmement :

— Tu vas nous dire où se trouve le Laconia.

L’Australienne, affolée eut quand même le courage de répondre au milieu de ses sanglots :

— Je ne sais pas, laissez-moi.

Rachid Mounir secoua la tête, comme devant un enfant capricieux. Il se releva, alla dans un coin, prit le fer électrique. Après avoir vérifié sa température, il se tourna vers Claire et dit d’une voix douce :

— Tu devrais aller m’attendre en bas, à l’hôtel. Je te rejoins tout à l’heure.

Quand il travaillait, l’Irakien aimait être seul. La Seychelloise ne se le fit pas dire deux fois et se glissa dehors. Bill hésitait. D’un regard, Rachid Mounir le chassa. Pour ce qu’il faisait, il fallait une absence totale de sensibilité et il n’était pas sûr de son complice. Lui aussi s’esquiva. Pas fâché au fond. C’était un brutal, mais pas un sadique.

Rachid Mounir s’approcha de Rhonda et posa l’instrument brûlant sur son dos, le promenant de haut en bas, comme s’il repassait du linge… Les cris de Rhonda firent trembler les murs. La peau s’en allait en lambeaux dans une odeur écœurante, d’énormes cloques rouges recouvraient les endroits les moins brûlés. L’Irakien jeta le fer dans un coin et releva de nouveau la tête de Rhonda.

— Réfléchis, dit-il. Si tu ne parles pas, je te brûlerai comme ça sur tout le corps.

Il savait ne pas avoir plus d’une chance sur mille pour que les Israéliens acceptent son ultimatum. Ils feraient tout pour libérer les deux femmes, alliées aux Américains. Ceux-ci non plus ne bougeraient pas. Dans un cas semblable, la vie de deux personnes ne comptait pas beaucoup.

Maintenant, il fallait laisser le temps à Rhonda de cultiver sa peur, que sa douleur faiblisse un peu, afin que la perspective d’une nouvelle épreuve soit insoutenable. Il alluma une cigarette et s’approcha de Zamir.

L’Israélienne le fixait calmement. En arabe, elle lui demanda avec un sourire ironique :

— Tu traites toujours les femmes de cette façon, Mounir ? Tu es donc impuissant, recroquevillé dans ton pantalon comme un vieil escargot…

Une lueur de meurtre passa dans les yeux de l’Irakien. Il avait beau ne pas compter ses succès féminins, qu’on mette en doute sa virilité le rendait fou. Il se demanda ce qu’il pourrait faire à l’Israélienne. La frapper ne ferait que renforcer ses sarcasmes. Il n’y avait qu’un seul moyen. Qui passerait agréablement le temps qu’il s’était fixé avant de recommencer à torturer Rhonda.

Il écrasa sa cigarette et s’approcha de Zamir. Pour la prendre commodément, il fallait la mettre sur le ventre. Sinon, il serait obligé de défaire les liens de ses jambes. Trop dangereux. L’Israélienne était sur le côté. Il se pencha pour la prendre par l’épaule, mais ne termina jamais son geste. Les bras de Zamir jaillirent de derrière son dos, ses ongles s’enfoncèrent dans la gorge de Mounir.

Depuis un long moment, elle s’était attaquée aux liens de ses poignets avec ses ongles d’acier. Il fallait que Mounir s’approche d’elle puisqu’elle avait les jambes entravées. Le défier était encore le plus sûr moyen…

Rachid Mounir poussa un grognement sauvage, saisit les poignets de l’Israélienne, tentant d’arracher les griffes de sa gorge. Mais Zamir tenait comme un bouledogue, se rapprochant millimètre par millimètre des carotides, pour les arracher d’un coup ; le sang dégoulinait sur ses doigts. Si elle n’avait pas été attachée, elle serait parvenue à ouvrir la gorge de l’Irakien. Ce dernier comprit qu’il n’avait qu’une chance. Se rejetant en arrière, de tout son poids, il laissa des lambeaux de chair sous les dix ongles, mais se libéra. Reculant jusqu’à la table.

Échevelé, le sang dégoulinant de sa gorge, les yeux fous, il ramassa le lourd fer à repasser et le jeta de toutes ses forces sur Zamir qui essayait de trancher les liens de ses chevilles. La pointe la frappa à la tempe et elle s’écroula sur le côté. Rachid Mounir porta la main à sa gorge, la ramena pleine de sang. Il avait l’impression d’avoir un collier de feu, ne savait pas s’il était blessé gravement.

La porte s’ouvrit brusquement sur Bill. Le Seychellois se précipita sur Rachid Mounir.

— My God ! fit-il, c’est un vrai fauve.

L’Irakien tremblait nerveusement. Il s’assit tandis que Bill examinait ses blessures.

— Ça va, fit-il, il faut que tu ailles à l’hôpital, mais ce n’est pas grave. Dis donc. Bon Dieu a aidé toi…

Dans son émotion, il reprenait le créole. Rachid Mounir, tamponnant ses plaies avec un mouchoir, dit d’une voix blanche :

— Rattache-la et va-t’en. Je te rejoins.

Bill s’exécuta sans un mot. Avec une corde qui traînait. Zamir n’avait pas repris connaissance. Il sortit sans oser regarder Mounir. Celui-ci respirait pesamment, le sang continuait à couler de son cou, imprégnait sa chemise. Il plongea la main dans la poche, en sortit un couteau qu’il ouvrit. Il voulait que Zamir soit réveillée. S’approchant, il se pencha et lui tordit un sein jusqu’à ce qu’elle gémisse.

Alors, il se rua sur elle, comme un fou, à cheval sur son torse, tailladant le visage. Lorsqu’il s’arrêta, hors de souffle, l’orbite gauche n’était plus qu’un trou sanglant et l’œil pendait sur la joue de Zamir. Rachid Mounir, d’un geste sec, arracha le nerf optique, qui se coupa dans un geyser de sang. Puis il jeta l’œil à l’autre bout de la case. Rhonda tremblait de tous ses membres, oubliant sa brûlure, hystérique de peur. L’Irakien jeta à Zamir, inconsciente depuis longtemps.

— Il te reste un œil. Je m’occuperai de toi, tout à l’heure.

Son sang continuait à couler et maintenant, il avait peur de se vider comme un poulet. Il traversa la case en titubant et sortit. Bill attendait près de la Land Rover, fumant une cigarette. Il avait entendu les hurlements de Zamir et en avait encore la chair de poule. Les yeux de Rachid Mounir lui firent peur.

— On va à l’hôpital ?

L’Irakien hocha la tête affirmativement sans répondre. Les deux hommes n’échangèrent pas un mot tandis que la Land Rover descendait les lacets vers Victoria. Maintenant, l’Irakien avait du sang jusqu’au ventre. Reprenant son sang-froid, il se dit que Rhonda parlerait plus facilement après cela. Ensuite, il finirait avec Zamir. La brûlure sur son cou ravivait sa haine.

* * *

Willard Troy observait Malko, visiblement déchiré intérieurement. Il soupira.

— Vous me posez un cas de conscience extrêmement pénible…

— Il m’était difficile de vous laisser en dehors de ceci, remarqua Malko. De toute façon, même si Langley n’était pas d’accord, je suis décidé à prendre le risque. D’autant que je suis persuadé que ma solution est de loin la meilleure… Et elle sauve les deux otages.

Les traits de l’Américain se crispèrent.

— Mr Linge, dit-il, vous n’êtes pas à Mahé pour sauver des otages mais pour accomplir une mission précise. J’apprécie votre esprit chevaleresque. Cependant, votre solution est extrêmement risquée et rien ne prouve qu’elle s’avère praticable.

Malko se leva, décidé à clore la discussion.