103
Croix et Discipline
« Et ils requièrent, pour porter sa croix, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui passait par là, revenant des champs. » (Marc, 15 : 21)
De nombreux chercheurs du Christianisme combattent les souvenirs de la croix, prétextant que les réminiscences du Calvaire constituent une culture de la souffrance indue.
Ils affirment que le souvenir du Maître aux heures de la crucifixion, entouré de malfaiteurs communs, est négatif.
Mais nous sommes de ceux qui préfèrent voir tous les jours du Christ comme de glorieux voyages et toutes ses minutes comme de divines parcelles de son ministère sacré, face aux nécessités de l’âme humaine.
Chacune de ses heures, parmi les êtres humains, se revêt d’une beauté particulière et l’instant du madrier est rempli d’une majesté symbolique.
Divers disciples font de longs commentaires à propos de la croix du Seigneur, et ils ont l’habitude d’examiner avec les détails théologiques les poutres imaginaires qu’ils ont avec eux.
Cela dit, seul celui qui a déjà atteint le pouvoir de se nier, de manière à suivre les pas du Maître Divin, a pris la croix de rédemption qui lui revient.
De nombreuses personnes confondent la discipline avec l’illumination spirituelle. Ce n’est qu’après avoir accepté le joug léger de Jésus Christ que nous pourrons élever jusqu’à nos épaules la croix qui nous donnera des ailes spirituelles pour la vie éternelle.
Contre les arguments, presque toujours oisifs, de ceux qui n’ont pas encore compris la sublimité de la croix, prenons l’exemple de l’homme de Cyrène, dans les instants les plus intenses du Sauveur. La croix du Christ a été la plus belle du monde, mais l’homme qui l’aide ne le fait pas de sa propre volonté. Il le fait en réponse à un ordre sans appel. Et, aujourd’hui encore, la majorité des hommes accepte les obligations inhérentes à leur propre devoir parce qu’ils y sont forcés.
104
Droit Sacré
« Car il vous a été fait la grâce, par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » – Paul (Philippiens, 15 : 21)
Coopérer personnellement avec les administrateurs humains, de manière juste, constitue toujours un objet d’admiration de la part des travailleurs des organisations terrestres.
Un acte invariable de confiance, le partage de la responsabilité entre le supérieur qui sait décider et faire preuve de justice, et le coopérateur qui sait servir, institue la base de l’harmonie pour l’action quotidienne, réalisation que toutes les institutions cherchent à atteindre.
De nombreux disciples du Christianisme semblent ignorer qu’en relation à Jésus, la réciprocité est la même, élevée au degré maximal, sur le terrain de la fidélité et de la compréhension.
Plus de compréhension de programme divin signifie une plus grande démonstration de témoignage individuel dans les services du Maître.
À compétence étendue, devoir plus amples.
Plus de lumière ; plus de vision.
De nombreux hommes, naturellement utiles selon certaines caractéristiques intellectuelles, mais encore malades de l’esprit, souhaiteraient accepter le Sauveur et croire en Lui, mais ne parviennent pas tout de suite à l’édification intérieure nécessaire. Par faute de l’ignorance dont ils ne se défont pas et des caprices qu’ils cultivent, il leur manque l’intégration dans le droit de sentir les vérités de Jésus, ce qu’ils ne parviendront à faire qu’après l’indispensable réajustement.
Cela dit, le disciple admis dans les bienfaits de la croyance a été considéré digne de côtoyer spirituellement le Maître. Entre lui et le Seigneur, il existe déjà le partage de la confiance et de la responsabilité. Néanmoins, tandis que demeurent les joies de Bethléem et les gloires de Capharnaüm, le travail de la foi s’accomplit merveilleusement. Mais quand survient le partage des angoisses de la croix, de nombreux apprentis fuient en craignant la souffrance et en se révélant indignes d’avoir été choisis. Ceux qui agissent de la sorte peuvent être qualifiés de fous, parce que se soustraire à la collaboration avec le Christ revient à négliger un droit sacré.
105
Observation Primordiale
« Jésus répondit : Voici le premier : Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur. » (Marc, 12 : 29)
Répondant au scribe qui l’interpellait à propos du premier de tous les commandements, Jésus fait précéder l’article initial du Décalogue d’une observation originale qui mérite d’être soulignée.
Avant tous les programmes de Moïse, avant toutes les révélations des Prophètes et ses propres bénédictions rédemptrices contenues dans l’Évangile, le Maître place une déclaration énergique au commencement, invitant tous les esprits à l’unité fondamentale. Asseyant le service salutaire qu’il amenait lui-même des sphères plus élevées, le Christ proclame à l’Humanité qu’il n’existe qu’un Seigneur Tout Puissant – le Père de Miséricorde Infinie.
Il savait par avance que de nombreux hommes n’accepteraient pas la vérité, que d’innombrables âmes chercheraient à se soustraire aux justes obligations, que surgiraient le retard, la mauvaise volonté, l’indifférence et la paresse autour de la Bonne Nouvelle. Cependant, il a soutenu l’unité divine afin que tous les apprentis fussent convaincus qu’il leur serait possible d’empoisonner leur propre liberté, de créer des dieux fictifs, d’ériger des discordes, de trahir provisoirement la Loi, de stagner sur les chemins, d’engendrer la guerre et la destruction, mais ils ne pourront jamais tromper le plan des vérités éternelles auquel tous se plieront un jour, comprenant parfaitement que « le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur. »
106
Il y a une Grande Différence
« Alors Pierre lui dit : Je n’ai ni argent, ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne. » (Actes, 3 : 6)
Il est normal d’inciter ceux qui s’intéressent aux avantages de la politique humaine à faire preuve d’attention, en se référant à Jésus et en essayant d’expliquer, par l’Évangile, certaines absurdités en matière de théories sociales.
La loi humaine s’adresse pratiquement toujours à celui qu’elle régit en ces termes : – « Ce que tu as m’appartient. »
Mais par la bouche inspirée de Pierre, le Christianisme affirme aux oreilles de ceux qui l’entourent : – « Ce que j’ai, je te le donne. »
As-tu déjà médité sur la grandeur du monde quand les hommes seront résolus à donner ce qu’ils possèdent à l’édifice de l’évolution universelle ?
Dans les travaux de charité ordinaire, dans les institutions de bienfaisance publique, l’être humain cède rarement ce qui constitue sa propriété intrinsèque à son semblable.
Pour le service du bien éternel, est-ce que quelqu’un se fiera de manière absolue à nos possessions périssables de la Terre ?
L’homme généreux distribuera l’argent et des biens aux nécessiteux qu’il rencontrera, mais il ne fixera pas en lui la lumière et la joie qui naissent de ces dons s’il ne les a pas réalisés avec le sentiment d’amour qui, au fond, est sa richesse impérissable et légitime.
Chaque individu porte en lui les qualités nobles qu’il a déjà conquises et avec lesquelles il peut toujours avancer, sur le terrain des acquisitions spirituelles d’ordre supérieur.
N’oublie pas la parole pleine d’amour de Pierre et donne de toi-même, dans l’effort de salut, tandis que celui qui attend l’or ou l’argent afin de contribuer aux bonnes œuvres se trouve encore, en réalité, loin de la possibilité de s’aider lui-même.