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Après une laborieuse randonnée, ils ont atteint leur nouveau secteur de travail où ils allaient séjourner pendant plus d'une année. Bien que livrés au travail manuel grâce auquel ils gagnaient le pain de tous les jours, les deux compagnons eurent besoin de six mois pour retrouver la santé. En tant que tisserand et potier anonymes, Paul et Barnabe restèrent à Derbé pendant longtemps sans éveiller la curiosité publique. Ce n'est qu'après s'être remis des préjudices soufferts qu'ils ont repris la diffusion de la Bonne Nouvelle du Royaume de Jésus. En visitant les alentours, ils provoquèrent beaucoup d'intérêt chez les gens simples pour l'Évangile de la rédemption. Des petites communautés chrétiennes furent fondées dans une ambiance de grande Joie.

Après plusieurs années de labeur, Ils décidèrent de retourner au noyau original de leur effort. Triomphant des étapes difficiles, ils avalent visité et encouragé tous les frères se trouvant dans les diverses réglons du Lycaonie, de Pisidie et de Pamphylie.

De Pergé, ils étaient descendus à Attalie où ils avaient embarqué à destination de Séleucie et de là ils avaient regagné Antioche.

Tous deux avaient vécu les difficultés des services les plus rudes. Combien de fois étalent-ils restés perplexes face à des problèmes complexes de société. En échange de leur dévouement fraternel, ils avalent reçu des railleries, des coups de fouets et des accusations perfides ; néanmoins, à travers leur abattement physique et leurs cicatrices rayonnaient les ondes invisibles d'une intense joie spirituelle. Car parmi les épines de la route scabreuse, les deux courageux compagnons avalent gardé bien droite la croix divine et consolatrice, répandant à pleine poignée les semences bénies de l'Évangile de Rédemption.

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LUTTES POUR L'ÉVANGILE

Le retour de Paul et de Barnabe fut annoncé dans Antioche avec une immense joie. La communauté fraternelle, profondément émue, était admirative quant au fait que les frères aient apporté à des régions aussi pauvres et lointaines les semences divines de la vérité et de l'amour.

Pendant plusieurs nuits consécutives, tous deux ont présenté un rapport verbal de leurs activités sans omettre un seul détail. L'église antiochienne vibrait de joie et rendait grâce au ciel.

Les deux missionnaires dévoués étaient revenus à l'heure où l'institution passait par une phase de grandes difficultés. Ils purent le constater attristés. Les conflits de Jérusalem s'étendaient à toute la communauté antiochienne, les luttes de la circoncision étaient déclenchées. Les chefs les plus éminents eux-mêmes étaient partagés face aux affirmations des dogmatique». Les discriminations avaient atteint un degré si élevé que les voix du Saint- Esprit ne se manifestaient plu». Manahen, dont les efforts dans l'église étaient indispensables, se maintenait à distance au vu des discussions stériles et envenimées. Les frères étaient extrêmement confus. Certains étaient partisans de la circoncision obligatoire, d'autres se battaient pour l'indépendance sans restriction de l'Évangile. Éminemment inquiet, le prédicateur tarsien observa les furieuses polémiques concernant les aliments purs et impurs.

Voulant établir l'harmonie générale autour des enseignements du divin Maître, Paul prenait inutilement la parole, expliquant que l'Évangile était libre et que la circoncision n'était qu'une caractéristique classique de l'intolérance judaïque. En dépit de son autorité incontestée qui était auréolée de prestige dans la communauté toute entière étant donné les grandes valeurs spirituelles conquises lors de sa mission, les malentendus persistaient.

Quelques éléments venant de Jérusalem compliquèrent encore davantage la situation. Les moins rigides parlaient de l'autorité absolue des apôtres galiléens. Mais on commentait furtivement que la parole de Paul et de Barnabe, bien que très inspirée par les leçons de l'Évangile, n'avait pas suffisamment d'autorité pour parler au nom de Jésus.

L'église d'Antioche oscillait dans une position d'une immense perplexité. Elle avait perdu ce sens de l'unité qui la caractérisait à ses débuts. Chacun prêchait son point de vue personnel. Les gentils étaient traités avec railleries ; des mouvements en faveur de la circoncision s'organisaient.

Fortement impressionnés par la situation, Paul et Barnabe prirent une résolution extrême. Ils décidèrent d'inviter Simon Pierre pour une visite personnelle à l'institution d'Antioche. Connaissant son esprit libre de tous préjugés religieux, les deux compagnons lui adressèrent une longue lettre expliquant que les travaux de l'Évangile avaient besoin de ses bons offices, tout en insistant sur sa prestigieuse performance.

Le porteur remis la lettre avec soin et à la grande surprise des chrétiens antiochiens, l'ex-pêcheur de Capharnaum est arrivé en ville, éprouvant une grande joie en raison de la période de repos physique que lui procurait cette excursion.

Paul et Barnabe ne cessaient de montrer leur satisfaction. En compagnie de Simon, il y avait Jean-Marc qui n'avait pas complètement abandonné les activités évangéliques. Le groupe vécut alors de belles heures d'échanges et de confidences relatives aux voyages missionnaires racontés intelligemment par l'ex-rabbin, et concernant les faits qui s'étaient déroulés à Jérusalem depuis la mort du fils de Zébédée, que Simon Pierre leur narra avec une singulière expression.

Après avoir été bien informé de la situation religieuse à Antioche, l'ex-pêcheur ajouta :

À Jérusalem, nos luttes sont les mêmes. D'un côté l'église qui est tous les jours pleine de nécessiteux ; de l'autre les persécutions sans trêves. Au centre de toutes les activités, il y a Jacques avec les plus âpres exigences. Parfois, je suis tenté de combattre pour rétablir la liberté des principes du Maître, mais comment faire ? Quand la tempête religieuse menace de détruire le patrimoine que nous réussissons à offrir aux affligés du monde, le pharisaïsme vient heurter le respect rigoureux de notre compagnon et l'oblige à paralyser l'action dite criminelle commencée depuis longtemps. Si je travaille pour annihiler son influence, je précipiterai l'institution de Jérusalem dans l'abîme de la destruction des tempêtes politiques de la grande ville. Et c'est le programme du Christ ? Et les nécessiteux ? Serait-il juste de nuire aux plus démunis pour une question de point de vue personnel ?

Devant l'attention profonde de Paul et de Barnabe, le bon compagnon continuait :

Nous savons que Jésus n'a pas laissé de véritable solution quant au problème des incirconcis, mais il nous a enseigné que ce ne serait pas par la chair que nous pourrions atteindre le Royaume des Cieux, mais par le raisonnement et par le cœur. Connaissant, cependant, l'action de l'Évangile sur l'âme populaire, le pharisaïsme autoritaire ne nous perd pas de vue et fait son possible pour exterminer l'arbre de l'Évangile qui naît parmi les simples et les pacifiques. Il est indispensable donc que nous soyons prudents afin de ne pas porter préjudices, de quelque nature que ce soit, à la plante divine.

Ses compagnons faisaient de grands gestes d'approbation. Révélant son immense capacité à orienter une idée et à réconcilier les nombreux prosélytes en divergence, Simon Pierre trouvait les mots adaptés à chaque situation, une clarification juste au problème le plus simple.

La communauté antiochienne se réjouissait. Les gentils ne cachaient pas la joie qu'ils éprouvaient. Le généreux apôtre rendait visite à chacun d'eux personnellement, sans distinction ou préférence. 11 affichait toujours un bon sourire face aux appréhensions de ses amis qui craignaient l'alimentation « impure » et avaient l'habitude de demander où étaient les substances qui n'étaient pas bénies de Dieu. Paul suivait ses pas sans dissimuler sa profonde satisfaction. Dans un louable effort de réconciliation, l'apôtre des gentils faisait en sorte de l'amener là où il y avait des frères perturbés par les idées de la circoncision obligatoire. Il s'est établi ainsi, rapidement, un mouvement notable de confiance et d'unité d'opinion. Tous les confrères exultaient de contentement.