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C'est en compagnie de Paul et de Barnabe que Simon se dirigea vers sa chambre pour se reposer.

Le tisserand de Tarse était consterné. La circoncision de Tite lui apparaissait comme la défaite de ses principes intransigeants. Il ne pouvait s'y résigner et faisait sentir à l'ex-pêcheur toute l'extension de ses contrariétés.

Mais qu'y a-t-il de si grave à une si petite concession - interrogeait l'apôtre de Capharnaum, toujours affable -face à ce que nous prétendons réaliser ? Nous avons besoin d'un environnement pacifique pour éclaircir le problème de l'obligation de la circoncision. N'as-tu pas fait des promesses aux gentils d'Antioche ?

Paul s'est rappelé la promesse qu'il avait faite aux frères et acquiesça :

Oui, c'est vrai.

Nous savons donc combien nous devons garder notre calme pour arriver à des solutions précises. Les difficultés, en ce sens, ne concernent pas seulement l'église antiochienne. Les communautés de Césarée, de Joppé, ainsi que d'autres régions sont tourmentées par ces cas transcendants. Nous savons bien que toutes les cérémonies externes sont d'une évidente inutilité pour l'âme ; mais étant donné les principes respectables du judaïsme, nous ne pouvons pas déclarer la guerre et la mort de ces traditions, d'un jour à l'autre. Il est donc juste de combattre avec beaucoup de prudence sans offenser durement qui que ce soit.

L'ex-rabbin a écouté les admonestations de l'apôtre et, se rappelant les luttes auxquelles il avait lui-même assisté dans l'environnement pharisien, il se mit à méditer calmement.

Quelques pas encore et ils avaient atteint la salle de Pierre et Jean transformée en dortoir. Ils sont entrés. Comme Barnabe et le fils de Zébédée se livraient à une conversation animée, Paul s'est assis aux côtés de l'ex-pêcheur, se plongeant dans de profondes pensées.

Après quelques instants, l'ex-docteur de la Loi, sortant de ses réflexions, dit à Pierre, en murmurant :

Il me coûte d'être d'accord avec la circoncision de Tite, mais je ne vois pas d'autre solution.

Attirés par cette confession, Barnabe et Jean aussi se sont mis à l'écouter attentivement.

Mais, en me pliant à cette mesure - a-t-il continué avec une indicible franchise -, je ne peux m'empêcher de reconnaître à ce fait l'une des plus hautes démonstrations d'imposture. Je serai d'accord avec ce que je n'accepte d'aucune manière. Je me repentis presque d'avoir assume des engagements avec nos amis d'Antioche ; je ne pensais pas que la politique abominable des synagogues avait totalement envahi l'église de Jérusalem.

Le fils de Zébédée a fixé le converti de Damas de ses yeux très lucides, au point que Simon lui répondit calmement :

La situation est effectivement très délicate. Surtout depuis le sacrifice des quelques compagnons les plus aimés et les plus chers, les difficultés religieuses à Jérusalem se multiplient tous les jours.

Et balayant de son regard la pièce comme s'il voulait traduire fidèlement sa pensée, il a continué :

Quand la situation s'est aggravée, j'ai examiné la possibilité d'intégrer une autre communauté ; ensuite, j'ai pensé accepter la lutte et réagir ; mais, une nuit, aussi belle que celle-ci alors que je priais dans cette chambre, J'ai perçu la présence de quelqu'un qui approchait doucement. J'étais à genoux quand la porte s'est ouverte à ma grande surprise. C'était le Maître ! Son visage était le même que celui des beaux jours de Tibériades. Il m'a regardé grave et tendre, et a dit : - « Pierre occupe toi des « fils du Calvaire », avant de penser à tes caprices ! ». La merveilleuse vision n'a duré qu'une minute, mais juste après, je me suis souvenu des petits vieux, des nécessiteux, des ignorants et des malades qui frappent à notre porte. Le Seigneur me recommandait de m'occuper des porteurs de la croix. Dès lors, je n'ai plus désiré qu'une chose : les servir.

L'apôtre avait les yeux humides et Paul se sentait très Impressionné car il se rappelait qu'il avait entendu l'expression « fils du Calvaire » des lèvres spirituelles d'Abigail, lors de sa glorieuse vision dans le silence de la nuit, alors qu'il se trouvait à proximité de Tarse.

Effectivement, grande est la lutte - acquiesça le converti de Damas qui semblait plus tranquille.

Et se montrant convaincu de la nécessité d'examiner le réalisme de la vie commune, malgré la beauté des fabuleuses manifestations du plan invisible, il dit encore :

Néanmoins, nous devons trouver un moyen de libérer les vérités évangéliques du conventionnalisme humain. Quelle est la raison principale de la supériorité pharisienne dans l'église de Jérusalem ?

Simon Pierre a répondu sans hésitations :

Les plus grandes difficultés tournent autour de la question monétaire. Cette maison nourrit plus de cent personnes, quotidiennement, en plus des services d'assistance aux malades, aux orphelins et aux abandonnés. Pour la manutention des travaux, il faut beaucoup de courage et beaucoup de foi car les dettes contractées avec nos sauveteurs en ville sont inévitables.

Mais les malades - a interrogé Paul, attentif - ne travaillent pas une fois qu'ils vont mieux ?

Si - a expliqué l'apôtre -, j'ai organisé des services de plantation pour les convalescents et ceux qui sont dans l'impossibilité de s'absenter rapidement de Jérusalem. Grâce à cela, la maison n'a pas besoin d'acheter des fruits et des légumes. Quant à ceux qui sont rétablis, ils deviennent les infirmiers des plus malades. Cette providence a permis de dispenser deux hommes rémunérés qui nous aidaient à nous occuper des fous incurables ou des guérisons les plus difficiles. Comme tu vois, ces détails n'ont pas été oubliés et malgré tout l'église est pleine de dépenses et de dettes que seule la coopération du judaïsme peut atténuer ou résoudre.

Paul comprit que Pierre avait raison. Néanmoins, soucieux d'apporter une certaine indépendance aux efforts de ses frères d'idéal, il a considéré :

J'en conclus alors que nous devons mettre en place ici des modes de fonctionnement qui permettent à la maison de vivre de ses propres recours. Les orphelins, les vieux et les hommes valides pourraient trouver des activités en plus des travaux agricoles et produire quelque chose qui apporterait un revenu bien utile. Chacun travaillerait selon ses forces, sous la direction des frères les plus expérimentés. La production du service garantirait la manutention générale. Comme nous le savons, là où il y a du travail, il y a de la richesse, et où il y a de la coopération, il y a la paix. C'est le seul moyen d'émanciper l'église de Jérusalem des impositions du pharisaïsme dont je connais les astuces depuis le début ma vie.

Pierre et Jean étaient émerveillés. L'idée de Paul était excellente. Elle venait à la rencontre de leurs anxieuses préoccupations face aux difficultés qui semblaient ne pas avoir de fin.

Le projet est extraordinaire - a dit Pierre - et viendrait résoudre de grands problèmes dans notre vie.

Le fils de Zébédée, qui avait les yeux rayonnants de Joie, à son tour, a attaqué le sujet, en objectant :

Mais, l'argent ? Où trouver les fonds nécessaires à la grandiose entreprise ?...

L'ex-rabbin est entré dans une profonde réflexion et a expliqué :

Le Maître assistera nos bonnes intentions. Barnabe et moi entreprenons de longues excursions au service de l'Évangile et vivons pendant tout ce temps du fruit de notre travail. Moi comme tisserand, lui comme potier, réalisant une activité provisoire partout où nous passons. Cette première expérience passée, nous pourrions retourner maintenant dans ces mêmes régions et en visiter d'autres, demandant de l'aide pour l'église de Jérusalem. Nous prouverions notre désintérêt personnel en vivant au prix de notre effort et nous rassemblerions des dons de toute part, conscients du fait que si nous avons travaillé pour le Christ, il est tout aussi juste de demander par amour au Christ. La collecte apporterait la liberté de l'Évangile à Jérusalem, car elle serait l'outil indispensable à des constructions définitives sur le plan du travail rémunérateur.