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Après une pause alors que Saûl réfléchissait, l'autre a demandé :

Pourquoi ne viens-tu pas avec nous à Rome ?

Ah ! Si je le pouvais !... - a dit l'ex-rabbin laissant entrevoir son désir. - Cependant, je pense que Jésus souhaiterait me voir, avant tout, entièrement réconcilié avec ceux que j'ai offensés à Jérusalem. De plus, je dois revoir mes parents et faire taire les nostalgies de mon cœur.

Et effectivement, après le passage de la grande caravane qui apportait leurs remplaçants, suivis d'un chameau, les trois frères du « Chemin » quittèrent l'oasis en direction de Palmyre où la famille de Gamaliel les accueillit avec bonté.

Aquiles et sa femme restèrent là pendant quelques temps au service d'Ézéquiel, jusqu'à ce qu'ils puissent réaliser leur bel idéal de travail dans la puissante Rome des Césars, quant à Saûl de Tarse, maintenant fort comme un bédouin, après avoir remercié la générosité de son bienfaiteur et avoir salué ses amis avec les larmes aux yeux, il a repris la route de Damas, radicalement transformé par les méditations de trois années consécutives, passées dans le désert.

LUTTES ET HUMILIATIONS

Le voyage se passa sans incidents. Mais dans sa nouvelle solitude, le jeune tarsien reconnaissait que des forces Invisibles remplissaient son esprit d'inspirations grandioses et consolatrices. Dans la nuit pleine d'étoiles, il avait l'impression d'entendre une voix affectueuse et sage qui se traduisait par des appels d'amour et d'espoirs infinis. Dès l'instant où il s'était éloigné de la compagnie amicale d'Aquiles et de sa femme, une fois qu'il se sentit complètement seul face aux grands projets de sa nouvelle destinée, il trouva des énergies intérieures imprévisibles qui lui étaient inconnues jusque là.

Il n'arrivait pas à définir cet état spirituel, mais le fait est que dès lors, sous la direction de Jésus, Etienne se trouvait à ses côtés comme un fidèle accompagnateur.

Ces exhortations, ces voix douces et amicales qui l'assistaient pendant tout son parcours épistolaire et attribuées directement au Sauveur, provenaient du généreux martyr du « Chemin », qui le suivit spirituellement pendant trente ans, renouvelant constamment ses forces pour la bonne exécution des tâches rédemptrices de l'Évangile. Jésus avait ainsi voulu que la première victime des persécutions de Jérusalem reste pour toujours liée au premier bourreau des prosélytes de sa doctrine de vie et de rédemption.

Plutôt que des sentiments de remords et de perplexité face à son passé coupable, ou de la nostalgie et du découragement qui parfois menaçaient son cœur, il sentait maintenant de radieuses promesses dans son esprit transformé sans pouvoir expliquer l'origine .sacrée de si profonds espoirs. Malgré les singulières modifications physionomiques que la vie, le régime et le climat du désert avaient eues sur lui, il entra dans Damas avec une joie sincère dans l'âme, pleinement voué maintenant au service de Jésus.

C'est avec une infinie allégresse qu'il a étreint le vieil Ananie et le mit au courant de son avancement spirituel. Le respectable vieillard lui rendit son affection avec une grande bonté. Cette fois, Fex-rabbin n'eut pas besoin de s'isoler dans une pension chez des inconnus car les frères du « Chemin » lui offrirent leur hospitalité franche et amicale. Quotidiennement, II se rappelait l'émotion réconfortante de la première réunion à laquelle il avait comparu avant de se recueillir dans le désert. La petite assemblée fraternelle se réunissait tous les soirs, échangeait des idées nouvelles sur les enseignements du Christ, et commentait les événements mondains à la lumière de l'Évangile, tout en partageant des objectifs et des conclusions. Saûl avait été informé de toutes les nouveautés concernant la doctrine, et vérifia les premiers effets du choc entre les Juifs et les amis du Christ, relatif à la circoncision. Son tempérament passionné perçut alors toute l'extension de la tâche qui lui était réservée. Les pharisiens formalistes de la synagogue ne se révoltaient plus contre les activités du « Chemin », dès lors que les partisans de Jésus étaient, avant tout, de fidèles observateurs des principes de Moïse. Seul Ananie et quelques autres perçurent la subtilité des casuistes qui provoquaient délibérément la confusion dans tous les domaines, retardant ainsi la marche victorieuse de la Bonne Nouvelle rédemptrice. L'ex-docteur de la Loi reconnut qu'en son absence, la procédure de persécution était devenue plus dangereuse et plus imperceptible, car aux caractéristiques cruelles mais franches, du mouvement initial, avaient succédé des manifestations d'hypocrisie pharisienne qui, sous prétexte de concessions et de bienveillance, plongeaient la personnalité de Jésus et la grandeur de ses leçons divines dans un oubli criminel et délibéré. En cohérence avec les nouvelles dispositions alimentées en son for intérieur, il ne prétendait pas retourner à la synagogue de Damas pour ne pas paraître être un maître prétentieux prêt à se battre pour le salut d'autrui, avant d'avoir soigné son propre perfectionnement. Mais face à ce qu'il voyait et ce qu'il pouvait en déduire avec son sens élevé de la psychologie, il comprit qu'il était utile d'en tirer toutes les conséquences et de démontrer les disparités existantes entre le formalisme pharisien et l'Évangile : ce qu'était la circoncision et ce qu'était la nouvelle foi. En exposant à Ananie le projet de fomenter la discussion autour du sujet, le généreux vieillard stimula son intention de rétablir la vérité dans ses légitimes fondements.

Pour cela, le deuxième samedi après son arrivée en ville, le vigoureux prédicateur a comparu à la synagogue. Personne n'a reconnu le rabbin de Tarse dans sa vieille tunique, la peau bronzée, le visage décharné, une lueur plus vibrante dans ses yeux profonds.

Une fois la lecture et l'exposition consacrée terminées, après que la parole fut donnée aux fidèles studieux de la religion, voici qu'un inconnu est monté à la tribune des maîtres d'Israël et chercha à attirer l'attention de la grande assemblée présente. Il a parlé d'abord du caractère sacré de la Loi de Moïse et s'est arrêté passionné sur les promesses merveilleuses et sages d'Ésaïe, jusqu'à ce qu'il en arrive à pénétrer dans l'étude des prophètes. Tout le monde l'écoutait avec une profonde attention. Quelques-uns s'efforçaient d'identifier cette voix qui ne leur semblait pas complètement inconnue. Ce vibrant discours suscitait des déductions d'une grande portée et d'une grande beauté. Une immense lumière spirituelle débordait d'une sublime extase.

Ce fut alors que l'ex-rabbin, connaissant le pouvoir magnétique déjà exercé sur son large auditoire, se mit à parler du Messie nazaréen et compara sa vie, ses actes et ses enseignements aux textes qui l'annonçaient dans les Écritures saintes.

Lorsqu'il aborda le problème de la circoncision, l'assemblée se mit à crier furieusement.

C'est lui !... C'est le traître !... clamèrent les plus audacieux, après avoir identifié l'ex- docteur de Jérusalem. - Des pierres pour le blasphémateur !... C'est le hors-la-loi de la secte du « Chemin » !...

Les chefs du service religieux, à leur tour, ont reconnu leur ancien compagnon maintenant considéré comme transfuge de la Loi et qui devait supporter des punitions rudes et cruelles.

Saûl assistait à la répétition de la scène à laquelle il se fit entendre lors de la fameuse réunion en présence des sacerdotes de Chypre. Impassible, il a affronté la situation jusqu'à ce que les autorités religieuses réussissent à calmer les esprits turbulents.

Après les phases les plus bruyantes du tumulte, l'archiprêtre prit position et décida que l'orateur descendrait de la tribune pour répondre à son interrogatoire.

Le converti de Damas a compris d'un regard tout le calme dont il avait besoin pour se sortir avec succès de cette difficile aventure et a immédiatement obéi sans protester.