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Barnabe présenta ses nouvelles l'âme affligée. Ce fut bien volontiers que la laborieuse communauté se manifesta solidairement pour soutenir Jérusalem.

Une fois qu'il eut rassemblé toute l'aide requise, l'ex-lévite de Chypre se dit prêt à apporter la réponse de l'église ; toutefois, Barnabe ne pouvait partir seul. Ils eurent des difficultés à faire un choix quant au compagnon qui l'accompagnerait. Sans hésiter, Saûl de Tarse s'est offert pour lui tenir compagnie. Il travaillait pour son propre compte - avait-il expliqué à ses amis - de sorte qu'il pouvait prendre l'initiative d'accompagner Barnabe, sans oublier les obligations qui attendraient son retour.

Le disciple de Simon Pierre se réjouit de cette proposition. Heureux, il accepta son

offre.

Deux jours plus tard, tous deux se dirigeaient courageusement vers Jérusalem. Le voyage fut assez difficile, mais ils réussirent à faire la route en des délais records.

D'immenses surprises attendaient les émissaires d'Antioche qui ne trouvèrent déjà plus Simon Pierre à Jérusalem. Les autorités avaient emprisonné l'ex-pêcheur de Capharnaùm, juste après la pénible exécution du fils de Zébédée. D'amères épreuves étaient tombées sur l'église et ses disciples. Saûl et Barnabe furent spécialement reçus par Procore qui les informa de tous les événements. Pour avoir demandé personnellement le cadavre de Jacques pour lui donner une sépulture, Simon Pierre avait été fait prisonnier sans la moindre compassion et avec tout l'irrespect caractéristique aux partisans criminels d'Hérode. Mais, quelques jours plus tard, un ange avait visité la cellule de l'apôtre, lui rendant sa liberté. Le narrateur fit allusion au fait avec des yeux fulgurants de foi. Il raconta la joie des frères quand Pierre était apparu dans la nuit avec l'histoire de sa libération. Les compagnons les plus prudents le poussèrent immédiatement à sortir de Jérusalem et à attendre dans l'église naissante de Joppé que la situation se normalise.

Procore leur dit que l'apôtre avait refusé d'acquiescer cette suggestion des plus prudentes. Jean et Philippe étaient partis. Les autorités ne toléraient l'église que par considération à la personnalité de Jacques qui, par ses attitudes de profond ascétisme impressionnait la mentalité populaire créant autour de lui une atmosphère de respect intangible. Dans la nuit de sa libération, pour répondre à son insistance, ses amis conduisirent Pierre à l'église. Il ne voulait pas se soucier des conséquences, mais quand il vit la maison pleine de malades, d'affamés, de mendiants en haillons, il dut céder à Jacques la direction de la communauté et partir pour Joppé, afin que les pauvres ne voient pas leur situation aggravée par sa cause.

Saûl était très impressionné par tout cela. Avec-Barnabe, il décida tout de suite d'entendre l'opinion de Jacques, le fils d'Alphée. L'apôtre les reçut volontiers, mais ils purent rapidement remarquer ses craintes et ses inquiétudes. Il répéta les informations de Procore à voix basse comme s'il craignait la présence de délateurs ; allégua le besoin de transiger avec les autorités ; évoqua les faits qui avaient précédé la mort du fils de Zébédée ; se rapporta aux modifications fondamentales qui avaient été introduites dans l'église. En l'absence de Pierre, il avait créé de nouvelles disciplines. Personne ne pourrait parler de l'Évangile sans se rapporter à la Loi de Moïse. Les prêches ne pouvaient être entendus que par les circoncis. L'église équivalait à une synagogue. Saûl et son compagnon l'écoutaient très étonnés. Ils lui ont alors livré en silence l'aide financière d'Antioche.

L'absence éventuelle de Simon avait transformé structurellement l'œuvre évangélique. Tout semblait inférieur et différent aux deux arrivants. Barnabe avait surtout remarqué quelque chose en particulier. Le fils d'Alphée, élevé à la fonction de chef provisoire, ne les invita pas à loger dans l'église. Devant cela, le disciple de Pierre se rendit chez sa sœur Marie Marc, mère du futur évangéliste, qui les reçut avec une grande joie. Saûl se sentit mieux dans cette ambiance fraternelle pure et simple. Barnabe, à son tour, se rendit compte que la maison de sa sœur était devenue le point de rencontre favori des frères les plus dévoués à l'Évangile. Ils se réunissaient là tous les soirs en cachette, comme si la véritable église de Jérusalem avait transféré son siège à un cercle familier restreint. Observant les assemblées Intimes du sanctuaire domestique, l'ex-rabbin s'est souvenu de la première réunion à laquelle il avait assisté à Damas. Tout n'était qu'affabilité, affection, accueil. La mère de Jean-Marc était l'une des disciples les plus courageuses et généreuses. Reconnaissant les difficultés des frères de Jérusalem, elle n'avait pas hésité à mettre ses biens à la disposition de tous les misérables, ni à ouvrir ses portes pour que les réunions évangéliques, dans son modèle le plus pur, ne souffrent pas d'un manque de continuité.

Le message de Saûl l'impressionna vivement. Elle avait été surtout séduite par les descriptions du milieu fraternel de l'église d'Antioche dont Barnabe ne cessait de commenter les vertus à chaque instant.

Marie exposa à son frère son grand rêve. Elle voulait donner son fils, encore très jeune, à Jésus. Depuis longtemps, elle préparait le garçon à l'apostolat. Néanmoins, Jérusalem se noyait dans des luttes religieuses, sans trêve. Les persécutions apparaissaient et resurgissaient. L'organisation chrétienne de la ville passait par de profondes alternatives. Seule la patience de Pierre réussissait à maintenir la continuité de l'idéal divin. Ne vaudrait-il pas mieux que Jean-Marc soit transféré à Antioche, auprès de son oncle ? Barnabe ne s'est pas opposé au plan de sa sœur enthousiaste. Le jeune, à son tour, suivait les conversations, se montrant satisfait. Amené à donner son avis, Saûl perçut que les frères délibéraient sans consulter l'intéressé. Le jeune accompagnait les projets, toujours jovial et souriant. À ce moment là, l'ex-docteur de la Loi, profond connaisseur de l'âme humaine, a dévié la conversation cherchant à l'intéresser plus directement.

Jean - a-t-il dit gentiment -, ressens-tu effectivement une véritable vocation pour le ministère ?

Sans aucun doute ! - a confirmé l'adolescent légèrement perturbé.

Mais, comment définis-tu ces intentions ? -demanda à nouveau l'ex-rabbin.

Je pense que le ministère de Jésus est une gloire -a-t-il répondu un peu gêné sous l'examen de ces regards ardents et curieux.

Saûl réfléchit un instant et lui dit :

Tes intentions sont louables, mais il ne faut pas oublier que la moindre expression de gloire mondaine n'arrive qu'après le service. S'il en est ainsi dans le monde, qu'en est-il dans le travail pour le royaume du Christ ? C'est justement pourquoi sur terre toutes les gloires passent et celle de Jésus reste éternelle !...

Le jeune a pris note de ce commentaire et bien que déconcerté par la profondeur de ses concepts, il a ajouté:

Je me sens préparé pour les travaux de l'Évangile, de plus, mère désire sincèrement que j'apprenne les meilleurs enseignements en ce sens, afin de devenir un prédicateur des vérités de Dieu.

Marie Marc a regardé son fils, pleine d'orgueil maternel. Saûl perçut ce qui se passait, il fit quelques remarques plaisantes puis il souligna :