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Juste après il se retirait, après avoir prononcé quelques monosyllabes qui cachaient mal son désappointement.

Impressionné, le tisserand consacré au Christ nota ses profondes exhortations pour consolider son programme d'activités spirituelles, dépourvu d'intérêts mesquins.

La mission est restée à Neapaphos encore quelques jours, surchargée de travail. Jean- Marc collaborait dans la mesure de ses possibilités ; néanmoins, de temps en temps, Barnabe le surprenait attristé à se plaindre. Il ne s'attendait pas à faire face à tant de travail.

Mais, c'est mieux ainsi - lui faisait remarquer Paul

le service du bien est le mur qui nous protège des tentations.

Le jeune se résignait, mais sa contrariété était évidente.

En outre, en fidèle observateur du judaïsme, malgré sa passion pour l'Évangile, le fils de Marie Marc ressentait beaucoup de scrupules vu la largeur de vues de son oncle* et du missionnaire à l'égard des gentils. Il désirait servir Jésus, oui, de tout son cœur, mais il ne pouvait éloigner le Maître des traditions du berceau.

Alors que les graines semées à Chypre commençaient à germer dans la terre des cœurs, les travailleurs du Messie abandonnaient Neapaphos, remplis d'espoirs.

Après avoir beaucoup discuté, Paul et Barnabe ont décidé d'élargir leur mission aux peuples de la Pamphylie, à la stupeur de Jean-Marc qui s'étonnait d'une telle nouvelle.

Mais qu'allons-nous faire avec ces gens si étranges ?

demanda le jeune garçon contrarié. - Nous savons, à Jérusalem, que ce pays est

peupl

é de créatures très ignorantes ; de plus il y a des voleurs de toute part.

Effectivement - acquiesça Paul convaincu -, je pense que c'est justement pour cela que nous devons voir cette région. Pour d'autres, un voyage à Alexandrie pourrait offrir un plus grand intérêt ; mais tous ces grands centres sont pleins de talentueux orateurs. Ils possèdent des synagogues importantes, des connaissances élevées, de grandes démonstrations de science et de richesse. S'ils ne servent pas Dieu, c'est par manque de bonne volonté ou parce que leur cœur est endurci. En Pamphylie, au contraire, c'est très pauvre, rudimentaire et sans lumière spirituelle. Avant d'enseigner à Jérusalem, le Maître a préféré se manifester à Capharnaûm et dans d'autres villages presque anonymes de la Galilée.

Devant cet argument inattaquable, Jean s'est abstenu d'insister.

Quelques jours plus tard, une modeste embarcation lés laissait à Âttalie où Paul et Barnabe trouvèrent un singulier enchantement aux paysages qui entouraient le Caystre.

Dans cette localité très pauvre, ils ont prêché la Bonne Nouvelle en plein air et eurent un immense succès. Observant chez son compagnon une expression supérieure, Barnabe avait presque livré la direction du mouvement à Tex-rabbin dont la parole savait maintenant éveiller de charmants enchantements L'humble peuple a accueilli le prêche de Paul avec un profond intérêt. Il parlait de Jésus comme d'un prince céleste qui avait visité le monde et attendait ses sujets aimés dans la sphère de là glorification spirituelle. L'attention que les habitants d'Attalié dispensaient au sujet était évidente. Quelques-uns demandèrent des copies des leçons de l'Évangile, d'autres cherchaient à gratifier les messagers du Maître avec ce qu'ils possédaient de mieux. Très émus, ils recevaient les aimables cadeaux de leurs nouveaux amis qui étaient presque toujours des assiettes de pain, des oranges' ou du poisson.

Leur séjour dans la localité généra de nouveaux problèmes. Il devait organiser l'activité culinaire. Délicatement, Barnabe avait désigné son neveu pour cela, mais le jeune ne réussissait pas à masquer sa contrariété. Le .remarquant, Paul lui dit instamment :

Ne nous impressionnons pas avec les problèmes d'ordre naturel. Cherchons à restreindre, désormais, nos besoins et nos besoins alimentaires. Nous ne mangerons que du pain, des fruits, du miel et du poisson. Ainsi le travail culinaire sera simplifié et restreint à la préparation des poissons cuits dont j'ai une grande pratique depuis que j'ai vécu au bord du Taurus. Que Jean ne se fasse pas de soucis car il est normal que cette partie me revienne.

Malgré l'attitude généreuse de Paul, le jeune continuait contrarié.

Bientôt, la mission loua un bateau et partit pour Pergé. Dans cette ville d'une certaine importance pour la région où elle se localisait, ils annoncèrent l'Évangile avec un immense dévouement. La petite synagogue se remplit ce samedi-là d'une grande agitation. Quelques juifs et de nombreux gentils en majorité des gens pauvres et simples ont accueilli les missionnaires avec une réelle joie. Les nouvelles du Christ ont éveillé une singulière curiosité et d'un certain enchantement. Le modeste édifice, loué par Barnabe, était plein de créatures soucieuses d'obtenir une copie des annotations de Lévi. Paul se réjouissait. Il ressentait une joie indéfinissable au contact de ces cœurs humbles et modestes qui donnaient à son esprit fatigué de casuistique la douce impression de virginité spirituelle. Quelques-uns cherchaient à connaître la position de Jésus dans la hiérarchie des dieux du paganisme ; d'autres désiraient savoir la raison pour laquelle ils avaient crucifié le Messie, sans considération pour ses titres de grandeur en tant que Messager de l'Éternel. La région était pleine de superstitions et de croyances. La culture judaïque se restreignait à l'environnement fermé des synagogues. Bien que la mission consacre son plus grand effort aux Israélites, prêchant dans le cercle de ceux qui suivaient la Loi de Moïse, elle s'intéressait aux couches les plus obscures du peuple en raison des guérisons et de l'invitation aimante à l'Évangile, mouvement qui suscitait tout l'engagement des travailleurs de Jésus.

Pleinement satisfaits, Paul et Barnabe décidèrent de se diriger à partir de là vers Antioche de Pisidie. Informé de ce projet, Jean-Marc ne réussit pas à calmer ses craintes plus longtemps et demanda :

En supposant que nous n'allions pas au-delà de Pamphylie. Comment arriver jusqu'à Antioche alors ? Nous n'avons pas comment traverser de tels précipices. Les forêts sont Infestées de bandits, le fleuve qui est plein de cascades ne facilite pas le passage des barques. Et les nuits ? Comment allons-nous dormir ? Ce voyage ne peut se faire sans animaux et sans serviteurs et nous n'en avons pas.

Paul a réfléchi une minute et dit :

Écoute, Jean, quand nous travaillons pour quelqu'un, nous devons le faire avec amour. Je pense qu'annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas, vu leurs nombreuses difficultés naturelles, est une gloire pour nous. L'esprit de service ne rejette jamais la partie la plus difficile sur les autres. Le Maître n'a pas donné sa croix à ses compagnons. Dans notre cas, si nous avions beaucoup d'esclaves et de chevaux, ne serait-ce pas eux les porteurs des responsabilités les plus lourdes en ce qui concerne les questions proprement matérielles ? Le travail de Jésus, néanmoins, est si grand à nos yeux que nous devons disputer aux autres chaque partie de son exécution dans notre propre intérêt.

Le jeune a semblé d'autant plus angoissé. L'énergie de Paul était déconcertante.

Mais ne serait-il pas plus prudent - a-t-il continué très pâle - de partir pour Alexandrie et de s'organiser au moins pour le faire dans des conditions plus faciles ?

Tandis que Barnabe accompagnait ce dialogue avec la sérénité qui le caractérisait, l'ex- rabbin a continué :

Tu donnes trop d'importance aux obstacles. As-tu déjà pensé aux difficultés que le Seigneur a certainement dû vaincre pour être parmi nous ? Même s'il pouvait traverser librement les abîmes spirituels pour arriver à notre cercle de perversité et d'ignorance, nous devons considérer la barrière de boue de nos misères viscérales... Et tu t'épouvantes à peine des quelques écarts de chemin qui nous séparent de Pisidie ?

Le jeune s'est tu, de toute évidence contrarié. L'argument était excessivement fort, à ses yeux, et ne laissait place à aucune autre objection.