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« Il a coupé son champ de compression, dit Brennan. Il va être obligé de couper aussi son laser, quand il aura épuisé l’énergie de sa batterie. » Pour la première fois depuis des heures, il regarda Roy. « Dormez un peu. Vous êtes à moitié mort. À quoi ressemblerez-vous quand nous contournerons l’étoile ?

— À un vrai mort », soupira Roy. Il abaissa son siège. « Réveillez-moi, si nous sommes touchés, s’il vous plaît. Je serais furieux si je ratais quelque chose. »

Brennan ne répondit rien.

Trois heures plus tard, l’étoile à neutrons était encore invisible devant eux. « Prêt ? demanda Brennan.

— Prêt » Roy avait revêtu sa combinaison pressurisée, et il flottait avec une main sur le montant du sas. Ses yeux étaient encore ensommeillés. Il avait fait des rêves affreux.

« Allez ! »

Roy obéit. Un seul homme pouvait passer par le sas. Il était déjà à l’œuvre quand Brennan franchit la porte. Brennan l’avait taillée étroite, afin de limiter l’exposition au rayonnement de la mince enveloppe gazeuse de l’étoile à neutrons, et de réduire aussi le temps pendant lequel les Pak tireraient sur des hommes sans protection.

Ils détachèrent le câble qui conduisait au compartiment moteur, puis ils s’en servirent pour rapprocher celui-ci en le bobinant à mesure qu’il venait. Il était épais et lourd. Ils le rangèrent contre l’arrière du compartiment-moteur.

Ils exécutèrent la même manœuvre avec le câble qui remorquait la capsule des armes. Roy fit fonctionner ses muscles à deux pesanteurs avec l’adrénaline qui inondait son organisme. Il était pleinement conscient des radiations qui traversaient son corps. C’était la guerre… mais une guerre où il manquait quelque chose. Il ne pouvait pas haïr les Pak. Il ne les comprenait pas assez bien. Si Brennan les avait hais, il aurait pu lui communiquer cette haine ; mais il ne les haïssait point. Peu importait qu’il appelât cela une guerre. En réalité il jouait une partie de poker avec de gros enjeux.

Maintenant les trois principaux compartiments de Protecteur flottaient bout à bout. Roy embarqua à bord du vaisseau-cargo de la Zone pour la première fois depuis des années. Au moment où il prit place aux commandes, une lumière verte envahit la cabine. Il se hâta de baisser hermétiquement les écrans anti soleil.

Brennan pénétra dans le sas en criant : « Je les ai mystifiés ! S’ils avaient fait cela une demi-heure plus tôt, nous aurions été cuits.

— Je croyais qu’ils avaient épuisé leurs réserves d’énergie.

— Non. Ç’aurait été stupide, mais elles doivent être très basses. Ils pensaient que j’attendrais la dernière seconde pour séparer les vaisseaux. Ils ne me connaissent pas encore ! » Il exultait. « Et ils ne savent pas que j’ai un assistant. Très bien, il nous reste une heure environ avant de sortir. Mettez-nous en ligne. »

Roy utilisa les réacteurs de correction pour placer le vaisseau de la Zone en quatrième position, derrière la capsule des armes de Protecteur. Cela lui fit du bien de manipuler les commandes et de jouer un rôle utile dans la guerre de Brennan. À travers les pare-soleil, les éléments de Protecteur brillaient d’un vert diabolique. Ils dérivaient déjà séparément dans les marées de pesanteur de la masse d’en face.

« Avez-vous donné un nom à cette étoile ?

— Non, répondit Brennan.

— C’est vous qui l’avez découverte. Vous en avez le droit.

— Je l’appellerai donc l’étoile de Phssthpok. Vous en témoignerez. Je pense que nous lui devons bien cela. »

NOM : Étoile de Phssthpok. Rebaptisée plus tard BVS-I par l’institut des Sciences de Jinx.

CLASSIFICATION : Étoile à neutrons.

MASSE : 1,3 fois la masse de Sol.

COMPOSITION : Dix-huit kilomètres de diamètre de neutronium, recouvert de huit cents mètres de matière condensée, recouverte elle-même de quatre mètres de matière normale.

PESANTEUR EN SURFACE : 1,7 x 1011 G, étalon de la Terre. 

REMARQUES : Première étoile à neutrons sans rayonnement jamais découverte. Atypique par comparaison avec de nombreux pulsars connus ; mais des étoiles du type BVS seraient difficiles à trouver par comparaison avec les pulsars. BVS-I a peut-être commencé sa vie comme pulsar, avec une enveloppe gazeuse à rayonnement, il y a de cent millions à un milliard d’années ; puis aurait transféré sa rotation à l’enveloppe gazeuse, la dissipant dans ce processus. 

Ils allaient doubler l’étoile de Phssthpok à une vitesse considérable.

Les quatre éléments de Protecteur tombaient séparément. Le câble Pak lui-même n’aurait pu les maintenir ensemble. Pis : l’effet de marée les aurait tirés en ligne avec le centre de masse de l’étoile. Avec leurs câbles brisés, ils auraient émergé sur des orbites très différentes.

De cette façon-là, le vaisseau-cargo autonome pourrait servir à relier les autres compartiments après le périhélie. Mais Brennan et lui ne pouvaient pas le gouverner d’où ils étaient. La cabine du vaisseau de la Zone se trouvait à l’avant, trop loin du centre de masse.

Roy savait cela mentalement. Avant leur départ du vaisseau, il le sentit physiquement.

Protecteur avait été trois points verts qui s’éloignaient avant que le laser Pak s’éteigne enfin. Alors ils devinrent invisibles. Et l’étoile à neutrons était devant eux un point rouge terne. Roy sentit les marées qui le tiraient en avant contre les sangles de sécurité.

« Allez ! », lui dit Brennan.

Roy détendit les sangles. Il se tint debout sur le clair plastique du sabord avant, puis grimpa le long de la paroi. Les barreaux étaient faits pour une escalade dans l’autre sens. Il éprouva des difficultés à passer dans le sas. Quelques minutes plus tard, ç’aurait été impossible : les marées l’auraient écrasé contre le sabord avant comme un scarabée sous un talon.

La coque était lisse, sans poignées. Il ne pouvait pas attendre ici. Il se suspendit au montant, puis se laissa tomber.

Le vaisseau s’éloigna. Il aperçut une petite silhouette vaguement humaine accroupie dans le sas. Puis quatre éclairs minuscules. Brennan avait pris l’un des fusils à grande vitesse initiale. Il tirait sur les Pak.

Roy perçut le chuchotement d’une traction au-dedans de son corps. Ses pieds descendaient vers le point rouge devant lui.

Brennan avait sauté à son tour. Il utilisait les jets de son système autonome de survie.

La traction à l’intérieur de Roy augmentait. Des mains douces à sa tête et à ses pieds essayaient de l’écarteler. Le point jaune jaunissait, prenait de l’éclat, montait vers lui comme une boule de bowling ardente.

Brennan l’intimidait tellement qu’il attendit une bonne heure avant de parler. Et puis il se décida à lui dire qu’il était devenu fou.

Ils étaient reliés par trois mètres de câble. Le câble était tendu bien que l’étoile à neutrons fût un minuscule point rouge derrière eux. Brennan ne s’était pas séparé de son fusil.

« Je ne mets pas en doute votre opinion d’expert, répondit Brennan. Mais sur quels symptômes repose votre diagnostic ?

— Ce fusil. Pourquoi avez-vous tiré sur les Pak ?