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6 h 15 : M. Sarla entre dans l’hôtel « Holiday Inn » du boulevard des Italiens. Renseignements pris auprès du concierge, M. Sarla a pris une chambre, seul, et a demandé à être réveillé à 14 h 30.

15 h 10 : M. Sarla sort de l’Holyday Inn et remonte le boulevard des Italiens. Il s’arrête chez le chocolatier Deville & Charron pour y acheter des « sarments à l’orange » qu’il mange en reprenant son chemin vers la place de l’Opéra.

— C’était ses préférés !

Brigitte, émue, sourit.

— Parfois il faisait un détour par trois arrondissements pour aller chez Deville & Charron et prendre des sarments. Les meilleurs de Paris, d’après lui.

Elle soupira et reprit sa lecture. Paul, toujours accoudé à la fenêtre, attendait, patient.

15 h 35 : M.Sarla entre dans un magasin F.N.A.C. À l’ étage librairie, M. Sarla stationne, pour l’essentiel, au rayon « Ésotérisme ».

15 h 50 : Il ressort après avoir acheté plusieurs livres dont : L’Histoire des sectes de Rémy Grangier, Un gourou pour la vie de Carina Lorajna et L’Esprit interdit de Mark Selmer.

— Monsieur Vermeiren… Vous croyez qu’il y a un rapport avec cette tunique incroyable qu’il a essayée chez le tailleur ?

— Comment savoir ?

15 h 55 : M. Sarla entre dans le café « Le Marivaux », situé en face du magasin. Il s’installe à une table et commande un croque-monsieur et un demi.

16 h 20 : Tout en mangeant, il consulte les livres qu’il vient d’acheter.

16 h 30 : Il reçoit un coup de téléphone, parle un instant, raccroche et demande l’addition.

16 h 35 : M. Sarla sort du café et se rend, à pied, rue Bachaumont, dans une « retoucherie », sans enseigne, sise au 61 de la rue. Il parle avec l’homme qui tient la boutique. Ils sont seuls.

16 h 55 : Un car de police s’arrête devant la retoucherie. Trois agents en tenue, deux hommes et une femme, en descendent et entrent dans la boutique. Ils sont reçus avec enthousiasme par l’homme et M. Sarla. La conversation s’engage pendant que l’homme se rend au café jouxtant sa boutique, « La Chope », et en ressort avec une théière et des tasses.

17 h 00 : Les trois agents, M. Sarla et l’homme de la boutique prennent le thé.

17 h 10 : Les agents quittent les lieux et remontent dans le car. M. Sarla reste encore un moment dans la boutique.

17 h 20 : M. Sarla sort de la boutique. Il se dirige vers la rue Saint-Denis en coupant par la rue Saint-Sauveur.

17 h 30 : Il s’arrête à l’angle de la rue Réaumur et de la rue Saint-Denis et attend.

17 h 55 : La dénommée Gisèle vient à la rencontre de M. Sarla. Ils se dirigent vers un café-tabac situé à l’angle de la rue Réaumur et de la rue de Palestro, « Le Surcouf ».

18 h 00 : Installés à une table devant un verre de bière, ils discutent. M. Sarla a la main posée sur le genou de Gisèle.

18 h 10 : Ils se séparent au seuil de l’établissement. M. Sarla prend le métro à la station Strasbourg-Saint-Denis.

18 h 30 : M. Sarla sort du métro Bastille et se dirige vers la rue du Faubourg-Saint-Antoine. Il entre dans un magasin de meubles « Alain Affaires », sis au 51. Il y retrouve la jeune femme en blouson « Perfecto » à qui, la veille, il avait confié un bébé dans sa poussette. La jeune femme est accompagnée de son enfant, que M. Sarla prend dans ses bras et embrasse.

18 h 35 : M. Sarla et la jeune femme se promènent dans le magasin en compagnie d’un vendeur. Leur choix se porte sur une armoire en bois, type rustique, et un lit à deux places, pliant. M. Sarla s’assoit pour passer commande et fait un chèque.

18 h 55 : Dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine, très encombrée, M. Sarla cherche un taxi en compagnie de la jeune femme à la poussette.

19 h 10 : M. Sarla installe la poussette dans le taxi, embrasse la jeune femme et l’enfant, et remonte la rue du Faubourg-Saint-Antoine à pied. Il descend dans le métro Bastille.

19 h 35 : M. Sarla sort du métro Abbesses et se rend rue d’Orchampt, dans un bar à entraîneuses, « Le Poussah ». La surveillance se poursuit de l’extérieur.

22 h 45 : M. Sarla ressort du bar et retourne vers la place des Abbesses.

22 h 50 : M. Sarla s’arrête à la hauteur du square et fait volte-face. Il s’approche du fileur, repéré, et l’entraîne, sans dire un mot, à l’intérieur du petit espace vert, entièrement vide. Le fileur reçoit un coup violent derrière la nuque et perd connaissance.

— … Il vous a frappé ?!

Paul détourna le regard, les pansements sur son visage étaient la meilleure réponse.

— Je le suivais depuis trop longtemps.

— … Et qu’est-ce qui vous est arrivé ?!

— Lisez.

Environ 23 h 30 : Le fileur reprend connaissance dans une cave nue et très humide, il a les mains nouées dans le dos. Franck Sarla lui fait face, ils sont seuls. Il détruit la pellicule contenant les photos prises le jour même et la veille, puis il cherche à faire avouer au fileur à quand remonte sa filature et qui l’a engagé. Devant la résistance du fileur, M. Sarla lui assene de violents coups au visage.

Environ 23 h 45 : Le fileur donne le nom de Brigitte REYNOUARD à M. Sarla.

— … Comment a-t-il réagi ?

— Quand j’ai prononcé votre nom ? Il a semblé très surpris. Il s’attendait à un tas d’autres, mais pas le vôtre. Vous comprendrez que, vu la situation, je n’ai pas pu lui demander lesquels.

Environ 23 h 50 : Après un long moment de silence, M. Sarla s’absente.

Environ 0 h 10, le mercredi 30 mai : M. Sarla réapparaît avec un bloc de papier et un stylo. Il commence la rédaction d’une lettre.

Environ 0 h 30 : M. Sarla met la lettre sous enveloppe et charge le fileur de la remettre à Brigitte Reynouard, puis le libère. Le fileur remonte un escalier et se retrouve dans la cour intérieure d’un petit immeuble vétuste de la rue Véron. Renseignements pris, la cave appartient à la copropriété qui la laisse à l’abandon, le nom de M. Sarla n’apparaît nulle part.

0 h 40 : M. Sarla s’éloigne vers la rue Lepic.

Les feuillets au bout des doigts, les bras ballants, le regard perdu, Brigitte laissa perler une larme. Paul alluma une autre cigarette et rangea le paquet dans son tiroir. Chaque bouffée avait quelque chose de savoureux.

— … C’est un monstre… Cet homme est un monstre !

— Il m’a menacé si je ne cessais pas immédiatement de le suivre. Inutile de vous dire que j’ai pris ses menaces au sérieux. Je ne connaissais pas bien Thierry Blin, mais je peux dire que Franck Sarla a assez d’appuis pour se débarrasser de qui que ce soit. Personnellement, je n’irai pas plus loin.