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— Allô, ici poste 435.

C’était le centre anti-guérilla qui ne s’annonçait jamais autrement, et la voix du « Docteur » Gordon.

— Ici, Jack Cambell.

— Vous venez aux nouvelles… Ce n’est pas encore fini, je crois. Encore quelques heures de patience.

Il en bavait de joie, l’ignoble. La voix rocailleuse de Jack Cambell le fit sursauter.

— Vous allez interrompre immédiatement le traitement, le libérer et le faire discrètement transporter à la clinique de l’ambassade.

Gordon en resta muet.

— Mais…

— Il n’y a pas de mais, fit Cambell péremptoire. C’est un ordre que je vous donne. Est-ce qu’il faut rappeler pour qui vous travaillez ? Et pas d’entourloupettes. Ne revenez pas tout à l’heure en me disant qu’il était déjà mort. Parce que vous vous retrouveriez balayeur à Panama.

Il y eut un long silence à l’autre bout du fil. Le « Docteur » Gordon essaya de dire :

— Mais que va dire Gomez ? Je ne peux pas pénétrer dans l’École de police sans son consentement.

— Vous mentez, fit placidement Jack Cambell. N’oubliez pas à qui vous parlez. Vous allez y filer et interrompre le traitement. Je me charge du reste. Et de Gomez.

— Il vient d’arriver justement, fit le Cubain, soulagé.

— Passez-le moi.

— Allô, Jack, fit Gomez, onctueux et vaguement servile. Tout va comme vous le voulez ?

— Pas tout à fait.

L’Américain redit ce qu’il venait d’expliquer. Le Bolivien ne répondit pas. Cambell sentait sa haine et sa réticence. Finalement, il conclut :

— Mon cher major, si cet homme n’est pas libéré immédiatement, je viens le chercher avec l’ambassadeur. Et je proteste officiellement auprès du gouvernement bolivien pour avoir séquestré un étranger dans un local officiel.

Le major Gomez ne répondit pas. C’était bien joué. Impossible de revenir sur l’histoire des Russes maintenant que c’était annoncé dans les journaux. Et le meurtre de l’homme blond n’était qu’un règlement de compte officieux. Il ne pouvait pas faire jouer la raison d’État. Son général ne le couvrirait pas contre les Américains. Ils étaient trop puissants.

Ivre de rage, il raccrocha.

— Imbécile, fit-il au « Docteur », tu ne pouvais pas le tuer plus vite ?

Pour se soulager, il gifla l’homme de la C.I.A. de toute sa force et partit en claquant la porte.

Le « Béret Vert » en resta abasourdi, se disant qu’il n’y avait vraiment pas de justice en ce bas monde.

* * *

Lucrezia fixa Jack Cambell, de l’autre côté du lit de Malko. L’Américain soutint son regard. La jeune Bolivienne était partagée entre divers sentiments. Certes, Cambell avait sauvé Malko, mais quel était son rôle avant ? De toute façon, le principal était qu’il soit vivant.

Dans le bas de la ville, Raul, le tueur, tournait en rond comme un fauve en cage, mort de peur. Samuel et David se relayaient pour le surveiller.

Le médecin entra dans la chambre.

— Dans combien de temps sera-t-il remis ? demanda Lucrezia.

Le Bolivien hocha la tête.

— Impossible à dire. Trois jours ou trois semaines. Cela dépend de la dose qu’il a déjà aspirée…

Malko avait les yeux fermés et ne reconnaissait personne. Lucrezia pensa à toutes les fois où elle avait pris un peu de pichicata pour se remonter le moral. Ce mort-vivant, là, devant elle, la terrorisait. Elle n’aurait jamais cru que la poudre blanche dont elle avait toujours un peu chez elle puisse faire tant de ravages en si peu de temps.

— Il ne s’en ressentira pas ?

— J’espère que non, fit le médecin. Maintenant, il faut sortir. Il est encore très faible.

Lucrezia et Cambell sortirent de la chambre. Dans le couloir, l’Américain demanda :

— Vous avez éclairci le mystère Klaus Heinkel ?

Lucrezia lui coula un regard en coin. Que savait-il ?

— Nous savons qu’il est vivant et où il se trouve, dit la Bolivienne. Il nous manque deux ou trois choses pour le forcer au grand jour.

L’Américain hocha la tête :

— Ce n’est pas un type bien intéressant. Prévenez-moi quand le Prince Malko ira mieux.

La Bolivienne en resta bouche bée. Que s’était-il passé pour que la C.I.A. change d’attitude à ce point ? Cambell ne protégeait plus Klaus Heinkel. Il ne restait donc plus comme dernier obstacle que le major Gomez.

Contre qui Malko possédait maintenant la confession de Raul.

Chapitre XIX

Des millions de fourmis couraient sur le corps de Malko. Il ouvrit les yeux et vit le visage de Lucrezia penché sur lui. La jeune Bolivienne portait un short et un pull-over de laine très fine. Elle avait écarté les draps et c’étaient ses ongles courant sur la peau de Malko qui l’avaient réveillé.

— Tu vas mieux, murmura-t-elle, tu es chez moi et tu ne crains rien.

Sa main descendit et caressa Malko très tendrement.

— Ne bouge pas, murmura-t-elle.

Elle se leva, ôta son short et vint s’allonger sur Malko. Sans qu’il eût à faire le moindre geste, s’allongea sur lui.

Très vite, elle accélérait le rythme, au bord de la crise nerveuse. Elle eut un premier délire, puis un second, immédiatement, la tête dodelinant, les ongles crispés sur les flancs de Malko, comme pour lui arracher le foie.

Puis elle s’effondra près de lui, épuisée et essoufflée. Maintenant, c’est lui qui avait envie d’elle. Quand il la prit, elle poussa un cri de bête, ravie et déchirée à la fois.

Malko, inlassablement, martelait le corps de Lucrezia, de plus en plus vite et de plus en plus fort. La tête de la jeune femme s’arracha de l’oreiller. Son hurlement frappa Malko en plein visage, ce qui décupla son excitation.

Mais il avait trop présumé de ses forces. Il eut soudain l’impression que ses poumons ne se remplissaient plus d’air. La bouche ouverte, il eut tout juste le temps d’exploser avant de s’effondrer sur le corps de Lucrezia. Celle-ci prit la tête de Malko contre sa poitrine et lui caressa les cheveux, très tendrement.

— Mon macho blond, murmura-t-elle. Je t’aime. Jamais aucun homme ne m’a rendu heureuse comme toi. Tu es guéri.

Malko se sentait merveilleusement bien, mais n’avait aucun sens du temps écoulé.

— Il y a combien de temps que je suis ici ?

— Quatre jours. Plus trois à l’hôpital, cela fait une semaine. Mais ne crains rien, Raul est toujours là ainsi que sa confession.

Malko se sentait encore très faible.

— Demain, j’irai voir le major Gomez, dit-il avant de sombrer dans le sommeil.

Lucrezia le regarda s’endormir. Puis elle commença à se caresser doucement en pensant à lui. Elle avait encore envie de faire l’amour.

* * *

Malko revit avec angoisse la galerie où on l’avait traîné, enchaîné jusqu’à la cellule. Lucrezia était avec lui, très digne avec une longue robe fendue et des bottes. Quand la fente ne découvrait pas toutes ses cuisses. Le flic de service revint, obséquieux :

— Le major Gomez vous reçoit tout de suite.

— Reste-là, dit Malko à Lucrezia.

Il suivit le policier. La poignée de main de Gomez fut si chaleureuse que Malko se demanda s’il n’avait pas rêvé les trois dernières semaines. Le major s’assit en face de lui, un large sourire sur son visage rond, mais ses petits yeux noirs aux aguets.

— M. Cambell m’a dit que vous vouliez me voir ? dit-il. Que puis-je faire pour vous ?

Malko plongea ses yeux dorés dans les siens.

— D’abord me rendre les empreintes digitales de Klaus Heinkel. Ensuite, me dire où se trouve ce dernier et collaborer à son arrestation.