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— Les hommes ont pu vivre et s’accommoder du Ciel, mais il en va autrement avec Nirriti. Yama et Kubera ont apporté des armes dans la ville. Nous pouvons la fortifier, nous saurons la défendre. Si le Ciel ajoute sa puissance à la nôtre, Nirriti tombera devant Khaipour. Nous ferons tout cela si le Ciel autorise l’accélération, accepte la liberté religieuse, et met fin au règne des Maîtres du Karma.

— C’est beaucoup demander, Sam.

— Accepter les deux premières conditions équivaut simplement à reconnaître qu’une chose existe et a le droit de continuer à se développer. La fin des Maîtres arrivera tôt ou tard, que tu le veuilles ou non ; alors je te donne une chance de faire les choses avec élégance.

— Il faut que j’y réfléchisse.

— Je te donne quelques minutes. J’attendrai. Si la réponse est non, nous nous retirerons et laisserons Renfrew prendre la ville et profaner ce temple. Quand il aura pris quelques villes de plus, il te faudra bien te battre contre lui, mais nous ne serons plus là. Nous attendrons que tout soit fini. Si tu es encore en activité alors, tu ne seras plus en état de discuter des conditions que je t’offre aujourd’hui. Si tu as disparu, je crois que nous pourrons fort bien nous emparer du Mauvais, le vaincre, lui et ce qui restera de ses zombis. Dans l’un ou l’autre cas, nous aurons ce que nous voulons. Mais si tu acceptes, tout serait plus facile pour toi.

— Bien. Je vais rassembler mes armées immédiatement. Nous chevaucherons ensemble dans cette dernière bataille, Kalkin. Nirriti mourra à Khaipour ! Laisse quelqu’un dans la salle des transmissions, pour qu’on reste en contact.

— Je vais en faire mon quartier général.

— À présent, délie le prêtre et amène-le ici. Il va recevoir des ordres divins, et bientôt une divine visitation.

— Bien, Brahma.

— Attends, Sam ! Après la bataille, si nous y survivons, j’aimerais te parler… d’adoration mutuelle.

— Tu veux devenir bouddhiste ?

— Non, je veux redevenir femme.

— Il y a temps et lieu pour toutes choses, et ce n’est pas le moment de…

— Quand viendront le temps et le lieu, je serai là.

— Bon, alors je vais te chercher ton prêtre. Ne coupe pas.

Après la chute de Lananda, Nirriti célébra un office religieux au milieu des ruines, et pria pour remporter la victoire devant les autres villes. Ses noirs sergents battirent lentement du tambour et les zombis tombèrent à genoux. Nirriti pria jusqu’à ce que la sueur couvrît son visage comme un masque de verre, coulât dans son armure prothétique, qui lui donnait la force de plusieurs hommes. Puis il leva la face vers les cieux, regarda le Pont des Dieux, et dit : « Amen ».

Il se dirigea ensuite vers Khaipour, son armée derrière lui.

Quand Nirriti arriva devant Khaipour, les dieux l’attendaient.

Les troupes de Kilbar attendaient, tout comme celles de Khaipour.

Les demi-dieux, les héros et les nobles attendaient.

Les brahmanes de haut rang, et de nombreux disciples de Mahasamatman attendaient. Ces derniers étaient venus au nom de la divine Esthétique.

Nirriti regarda la plaine semée de mines par l’adversaire qui s’étendait jusqu’aux murs de la ville. Il vit les quatre cavaliers – les Lokapalas – près des portes. Il vit les bannières du Ciel qui flottaient au vent à côté d’eux.

Il abaissa la visière de son heaume et se tourna vers Olvegga.

— Tu avais raison. Je me demande si Ganêça est dans la ville.

— Nous le saurons bientôt.

Nirriti continua d’avancer.

Ce jour-là le Seigneur de Lumière ne recula pas, le champ de bataille fut à lui. Les partisans et les esclaves de Nirriti ne purent pénétrer dans Khaipour. Ganêça tomba sous les coups d’épée d’Olvegg, tandis qu’il essayait de frapper Brahma dans le dos au moment où ce dernier faisait face à Nirriti sur une petite colline. Olvegg tomba à son tour, les mains sur le ventre, et rampa vers un rocher.

Brahma et le Mauvais se retrouvèrent seuls. La tête de Ganêça roula dans une ravine.

— Celui-là m’avait dit que le combat serait à Kilbar, fit Nirriti.

— Il voulait que ce fût à Kilbar, dit Brahma, il a tout tenté pour cela, et je sais pourquoi à présent.

Ils bondirent l’un sur l’autre et l’armure de Nirriti combattit pour lui avec la force de plusieurs hommes.

Yama éperonna son cheval. Il se dirigea vers la colline, et fut bientôt enveloppé d’un tourbillon de poussière et de sable. Il leva sa cape jusqu’à ses yeux, entendit un rire résonner autour de lui.

— Où est ton regard de mort aujourd’hui, Yama ?

— Rakasha ! fit-il avec mépris.

— Oui, c’est moi, Taraka.

Et Yama fut soudain trempé, des torrents d’eau se déversèrent sur lui, son cheval se cabra, tomba en arrière.

Il s’était déjà relevé, l’épée à la main, quand le tourbillon de flammes se condensa en une forme humaine.

— Je t’ai nettoyé de ce-qui-repousse-les-démons, dieu de Mort. À présent, tu vas mourir de ma main.

Yama fonça en avant, l’arme à la main.

Il entailla d’une épaule à l’autre son adversaire gris, mais aucun sang ne coula, aucune trace ne resta de son coup d’épée.

— Tu ne peux me mettre en pièces comme un homme, ô Mort. Mais vois ce que je peux te faire.

Taraka bondit sur lui, lui colla les bras au corps, et le fit tomber. Une fontaine d’étincelles jaillit.

À quelque distance de là, Brahma, le genou sur la colonne vertébrale de Nirriti, lui renversait la tête en arrière pour échapper au pouvoir de l’armure noire. Ce fut alors qu’Indra bondit à bas de son slézard et leva l’épée Foudre sur Brahma. Il entendit se briser le cou de Nirriti.

— C’est ta cape qui te protège ! cria Taraka, luttant à terre sous le poids de Yama. Alors, il regarda au fond des yeux de la Mort.

Yama sentit que Taraka était suffisamment affaibli pour qu’il pût le repousser.

Il se releva et se précipita vers Brahma, sans même s’arrêter pour ramasser son épée. Sur la colline, Brahma parait les coups de l’épée nommée Foudre. Du sang s’échappait de son bras gauche tranché, des blessures de sa tête et de sa poitrine. Nirriti le tenait à la cheville d’une poigne de fer.

Yama hurla, bondit, tira son poignard.

Indra recula pour échapper à l’arme de Brahma, et se tourna pour lui faire face.

— Un poignard contre Foudre, dieu rouge ? dit-il.

— Oui, répondit Yama, frappant de la main droite puis prenant le poignard de la main gauche pour porter le coup fatal.

La pointe pénétra dans l’avant-bras d’Indra.

Indra lâcha Foudre et frappa Yama à la mâchoire. Yama tomba, mais d’un coup dans les jambes d’Indra le fit tomber avec lui.

Il était alors entièrement possédé par son Aspect et quand il leva ses yeux pleins de défi sur Indra, celui-ci parut dépérir sous son regard. Taraka bondit sur son dos au moment même où Indra mourut. Yama tenta de se libérer, mais sentit comme une montagne peser sur lui.

Brahma, étendu à côté de Nirriti, arracha son harnais imprégné d’anti-démon. De sa main droite il le lança à travers l’espace qui les séparait et il tomba à côté de Yama.

Taraka recula. Yama se retourna pour le regarder. Foudre bondit de l’endroit où elle était tombée et se dirigea vers la poitrine de Yama.

Yama put saisir la lame à deux mains quand la pointe était à peine à quelques centimètres de son cœur. Elle avança lentement et le sang coula de ses paumes, tomba goutte à goutte sur le sol.

Brahma dirigea son regard de mort sur le seigneur du Puits d’Enfer, un regard qui épuisa l’énergie même de la vie en lui.

La pointe toucha Yama.