Выбрать главу

Mutta hänellä ei ollut mitään omaa : aikaa, ystävia, ja yllättävästi mikä tärkeintä-työtä.

Bercé par la voix pure, je narre à Durdelat les péripéties que j’ai traversées, sans rien lui celer de « l’accident » survenu à tonton, de ma décarrade avec sa nièce, du vol du fourgon, de ma poursuite infernale à moto, de la rattrapade épique, de la fuite du « prisonnier » et de notre halte à Hambourg.

— Seigneur, où avez-vous mis le fourgon ! tonne le chef des Services secrets.

Je lui dis. Il grommelle.

— Vous pensez bien que ces enviandés de chleuhs sont en train de passer votre véhicule aux rayons « X » !

— Grand bien leur fasse, mon général. Xavier Mathias a aménagé une cache indétectable.

— Indétectable mon cul ! Vous les connaissez, les boches, commissaire ? Vous les connaissez bien ? Moi je les ai eus en 40. Des fouille-merde acharnés !

— Voyons, mon général, ils doivent bien comprendre que si j’ai placé ce véhicule sous leur protection, c’est parce que je ne redoute d’eux aucun coup bas !

— Vous êtes ingénu, commissaire. Vous avez conservé votre âme d’enfant ! Revenez le plus rapidement possible.

Il raccroche.

Mal luné, cézigo. S’attend-il à une disgrâce imminente ?

Je tombe sur mon plumard ravagé, les bras en croix. Un peu plus tard, je sens que Kitège me rejoint. Son corps nu est frais comme l’aube. Elle coule sa main sous mon corps à la recherche de mon zifolo à moustache, s’en saisit et s’endort.

Mon collègue Zatzbruck n’est pas encore à son burlingue quand je viens reprendre possession du mobile home. Mais il a laissé des instructions et un flic en uniforme me drive dans les profondeurs de l’hôtel de police, jusqu’à un parking comprenant des boxes fermant à clé.

Serrure confortable. Rien à craindre. Le pandore délourde et je sors notre roulotte de sa chiourme.

Tu me diras tout ce que je voudrai, mais une belle baise t’ennoblit. Quand, pendant des heures, tu as tiré une gonzesse comme Kitège, que tu l’as mignardée, fait étinceler de partout. Que t’as inventé des surpassements féeriques, des lichettes peu communes, du sensoriel d’une haute tenue morale, de l’intromission multiforme, des attouchements spéléologiques, du derme-à-derme ouatiné, de la lubrification gastéropodique, de l’étrillage de crinière lingual et cent mille autres entreprises dont l’idée naît au fur et mesure que se développe la prodigieuse connivence des corps. Oui, quand tu viens de t’enivrer d’une femme à ce point, tu deviens un nuage rose, un duvet au vent léger, le vol titubant d’un papillon.

Je drive ma belle poubelle nacrée en fredonnant des airs pas encore composés, mais qui ne pourront échapper longtemps à l’inspiration des compositeurs de musique.

Elle a sa joue sur mon épaule. A ma demande, elle n’a pas mis de culotte afin que je puisse, à tout instant, plonger mes doigts dans le bénitier de Satan.

Je fonce sur Hanovre. Après, ce sera Cologne (que d’eau ! que d’eau !) et son fantastique entrelacs d’autoroutes. Tout de suite après, la chère Belgique retrouvée. Ce soir, enfin, Paris. Paname, Pantruche ! Ma Félicie, tout de suite après la solennelle remise du minerai maudit à « mon général ».

L’incident se produit peu avant l’aire de stationnement de Damenhandtasche. Une Mercedes surmontée d’un gyrophare arrive à notre hauteur et se met à klaxonner. Il y a deux hommes à bord. Celui qui occupe la place passager passe un bras hors de sa portière et, d’un geste mécanique répétitif, m’indique que je dois m’engager sur la bretelle livrant accès au parking. J’obtempère.

— Vous alliez trop vite ? me demande Kitège.

— Je ne pense pas. D’ailleurs, la vitesse n’est pas limitée sur les autoroutes allemandes.

L’homme de la Mercedes m’enjoint maintenant de stopper.

Je.

Alors il sort de sa guinde pour s’approcher de la mienne en portant deux doigts au bord de son bada en un geste très perdreau, de politesse guindée.

Je baisse ma vitre. Alors le gus que je te cause sort de sa fouille une petite bombe à gaz noire et me pulvérise une grande giclée dans les trous de nez.

C’est du chouette ; pas du tout de la poudre à éternuer. Le temps de piger que je viens de me faire opérer comme un plouc et j’ai perdu conscience en moi !

LE FACTOTUM EXUBÉRANT

C’est un gaz bizarre, qui te neutralise, te fait vagabonder dans les vergers en fleurs, mais te laisse la notion du réel. Je sens très bien qu’on m’arrache de mon siège et que deux personnes m’aident à tituber jusque dans l’habitacle du camping-car. Là, je suis virgulé sur le plumard et on me ligote bras et jambes. Et puis on fait pareil avec la tendre Kitège. Son doux parfum me parvient et me grise. Il a la santé, l’Antonio, non ? La bitoune chevillée au corps !

Quelqu’un s’est mis au volant et on repart. On roule dru. A fond la caisse. Le balancement finit par me déconnecter et je sombre dans une grisaille nauséeuse qui n’est ni du sommeil, ni de l’évanouissement classique, mais plutôt une profonde torpeur.

La durée du voyage ?

Alors là, je ne saurais l’apprécier. Peut-être une heure ? Peut-être davantage ?

Le mobile home ralentit, s’arrête. Je perçois le ronronnement de son moteur répercuté par d’étranges échos. Puis on coupe le contact. Suivent une succession de heurts réverbérés par un vaste local qui forme caisse de résonance.

Les lourdes du camping-car s’ouvrent, des hommes se saisissent de nous et nous sortent du véhicule. Ils nous balancent sans ménagement sur un tas de vieux pneus. Je vois des poutrelles de fer, des verrières aux vitres sales et brisées, des bagnoles vétustes abandonnées dans différents points du colossal hall désaffecté où nous avons abouti.

Un groupe de bonshommes en salopettes noires entourent ma chignole repeinte. Pour ce que ça aura servi, le boulot du môme Roro ! Ils sont quatre, plus les deux gonziers en tenue de ville qui nous ont alpagués et qui, eux, regardent usiner leurs potes. Les gars en noir s’agitent comme des fourmis et font autant de travail que ces petites ouvrières. Tu les verrais décortiquer notre beau fourgon de luxe ! En un instant, ils l’ont vidé de son mobilier, ont arraché les placards muraux, le lavabo, l’évier, la douche. Ils ont sorti les banquettes de la cabine, le réchaud à butane, les chiottes.

Pas un mot ! Ils s’agitent sans bruit, ou presque. Précis, efficaces. L’un d’eux dresse une petite échelle d’aluminium contre la carrosserie pour explorer le dessus de la voiture. Il sonde à coups de pique, crevant sans vergogne le toit, puis la carrosserie.

Un autre, armé d’une petite grue de garage dépose le moteur. Bientôt, les lutins couleur de suie glissent un élévateur à bagnoles sous les roues pour soulever le mobile home. Avec une chignole électrique, ils percent le plancher. Les roues sont ôtées, les essieux arrachés.

Ils poursuivent leur tapin inexorablement, toujours sans échanger une syllabe. On dirait qu’ils s’activent à l’intérieur d’une basilique, tellement les sons se trouvent répercutés à l’infini.

Je les regarde dépecer le véhicule en songeant que Mathias est un génie. Mais quelle pitié ! Ce véhicule si performant réduit à néant ! J’en chialerais !

A la fin, les types sont écarlates et ruissellent de sueur. Ils cessent de fonctionner. Les bras ballants, la poitrine haletante, ils adressent aux deux « civils » des mimiques impuissantes.

Celui qui m’a sulfaté est un anguleux blafard au nez busqué, aux lèvres minces.