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Encore un pas en arrière, mon dos heurte le mur. Il prend mon visage entre ses mains, approche ses lèvres des miennes. Dans un réflexe, je le repousse violemment et parviens à lui échapper. Je me précipite jusqu’à la porte d’entrée.

— C’est fermé, Tama ! chantonne Greg dans mon dos.

Je me retourne pour lui faire face.

— Arrête ! Laisse-moi partir !

— Les clefs, c’est moi qui les ai. Tout comme ta carte d’identité. Tu ne peux aller nulle part. On dirait bien que tu es coincée, chérie.

Je reste bouche bée. C’est lui qui a subtilisé ma carte. Lui qui m’empêche d’aller rendre visite à Izri. Comment ai-je pu me laisser berner de la sorte ?

Comment Izri a-t-il pu se laisser berner de la sorte ?

— Mais c’est pour ton bien, Tama, ajoute-t-il avec son sourire visqueux. Tu aurais pris trop de risques pour lui… Il faut que tu l’oublies, maintenant. C’est mieux, je t’assure…

Il me plaque contre le mur, pose à nouveau ses mains sur moi. Une nausée fulgurante me soulève le cœur. Je libère ma rage, me mets à le frapper de toutes mes forces. Il saisit mes poignets, se colle contre moi.

— Eh, du calme !

Puisqu’il me tient les mains, j’utilise mes jambes et lui file un coup de pied dans le tibia. En hurlant de douleur, il me lâche. Je m’enfuis dans le couloir, mais il me rattrape avant que j’aie pu atteindre la chambre. Il m’empoigne par les cheveux et m’attire brutalement vers lui avant de me coller son poing en plein visage. Je m’écroule sur le carrelage et reste sonnée une seconde. Des points multicolores voltigent devant mes yeux.

— C’est ça que tu veux ? soupire Greg d’une voix atrocement suave. Remarque, j’aurais dû m’en douter… C’est comme ça qu’Izri t’a apprivoisée ? En t’en mettant plein la gueule ? Soit… Je vais faire comme lui, puisque c’est ce que tu aimes.

Il recommence à cogner, je hurle. Il me laisse enfin reprendre ma respiration et me contemple en souriant.

— Je pensais que tu préférais la douceur… On dirait que je me suis planté !

— Arrête, Greg, je t’en prie…

En réponse à ma supplique, je reçois une nouvelle avalanche de violence qui me met K-O. Je perds connaissance et quand je reviens à moi, il est en train de me traîner par terre dans le couloir. Je n’ai plus de forces et me laisse emporter vers la chambre.

— J’aime bien, finalement ! rigole Greg. C’est pas désagréable. Iz avait raison !

Il me jette en travers de son lit. Dans une sorte de flou artistique, je le vois ôter son tee-shirt et son jean tandis que j’essaie de recouvrer mes esprits. Il se jette sur moi et, avec sa main droite, il bloque mes poignets tandis qu’avec la gauche, il tente d’arracher mes vêtements. Je lui assène des coups de genou, parviens à mordre son bras. Je plante furieusement mes dents dans sa chair. Son sang coule sur ma langue tandis qu’il braille de douleur.

— Salope !

Il dégage son bras, me file une série de gifles avant de me retourner sur le ventre et de s’asseoir sur moi. Avec sa ceinture, il m’attache les poignets dans le dos. Je ne peux plus rien faire à part rugir comme une lionne. Il retire mon pantalon, reçoit un coup de pied dans la mâchoire au passage.

Je ne me laisserai pas faire.

Je me suis laissé faire trop longtemps.

Je me battrai jusqu’au bout. Jusqu’à la mort.

Je ne lui appartiendrai pas. Je ne lui appartiendrai jamais. Parce que j’appartiens déjà à un homme.

Alors que Greg écarte mes jambes, je me mets à hurler. Un nom, un seul.

— Izri !

— Tu peux toujours l’appeler, pauvre conne ! Il est en taule, ton prince charmant !

Pas ça. Mon Dieu, pas ça. Par pitié, épargnez-moi ça.

Mais en cette seconde, Dieu regarde ailleurs.

Pendant que Greg me viole, je répète inlassablement le prénom d’Izri.

Il n’y a que lui qui puisse m’aider à affronter la douleur, la honte, le dégoût.

La profanation.

De mon corps, de notre amour.

Ça me semble durer des heures, ça ne dure que quelques minutes. Essoufflé, Greg s’allonge à côté de moi et je reste inerte sur le lit, les dents serrées, les yeux fermés. Avec sa main, il caresse le haut de ma cuisse et je me retiens pour ne pas vomir.

Je suis déjà bien assez sale comme ça.

— Izri m’a traité comme de la merde. Il n’en avait que pour Manu ! Manu par-ci, Manu par-là… Et moi, que dalle. Alors, maintenant, je vais tout lui prendre… Tout ! Ses affaires, son fric et sa meuf.

— Il te tuera ! murmuré-je entre mes dents.

— Là où il est, il ne pourra rien faire ! Et si tu veux tout savoir, c’est moi qui l’ai balancé aux flics. Un petit coup de fil pour leur dire où trouver les coupables du meurtre de ce cher Santiago… Et hop, plus de Manu, plus d’Izri ! Un vrai jeu d’enfant…

Je sens un liquide acide couler dans mes veines. Si seulement je n’étais pas attachée. Si seulement j’avais la force physique de le massacrer de mes propres mains…

— Iz te tuera, espèce de sale con !

— Toi, il va falloir que je te dresse, soupire Greg. Que je t’apprenne la politesse…

J’essaie de me détacher en me contorsionnant, pendant qu’il ouvre le tiroir du chevet et récupère une paire de menottes. Je me demande où il les a trouvées alors que c’est vraiment le dernier de mes problèmes.

Il enlève la ceinture autour de mes poignets et je recommence à me débattre, malgré la douleur. Il encaisse quelques coups mais parvient à me menotter dans le dos. Puis il revient entre mes jambes. Je hurle si fort qu’il plaque sa main sur ma bouche.

— Je comprends pourquoi il tient tant à toi, ce bon vieux Iz ! C’est vrai que tu es bonne !

Tandis qu’il débite ses horreurs, je répète encore le prénom d’Izri, mais plus personne ne peut m’entendre.

Lorsque enfin il m’abandonne, je suis toujours attachée, mais parviens à descendre de ce maudit lit et à m’asseoir par terre, dans un angle de la pièce. Je me recroqueville sur ma souffrance.

Les coups, j’ai l’habitude.

Mais le viol, ça fait plus mal encore.

Plus mal que tous les sévices qu’on m’a fait subir jusqu’à présent.

Il y a le sang qui coule entre mes cuisses. La douleur physique et celle qui frappe dans ma tête, dans mon cœur.

Et il y a la peur.

Je suis tombée entre les griffes d’un prédateur qui s’est joué de moi. Et qui va jouer avec moi, désormais.

Je replie mes jambes et pose le front sur mes genoux écorchés. Avant de me mettre à pleurer doucement, sans aucun bruit.

Izri, je te jure que je ne me laisserai jamais faire. Jamais.

Je préfère encore mourir.

Lorsque Greg revient dans la chambre, il fait nuit. Il allume la lumière, je ferme les yeux. Quand je les rouvre, il est penché sur moi et me sourit. Ce sourire que je hais plus que tout aujourd’hui.

— Ça va, Tam ? raille-t-il.

— Va te faire foutre.

— Oh… Mais c’est qu’elle a du répondant, la petite !

Il caresse mon visage contracté à mort.

— Je vais t’expliquer comment ça va se passer, maintenant… Tu vas t’occuper de moi, me faire à manger, faire le ménage… Enfin, tu vas retrouver ton vrai rôle, quoi !

Il s’agenouille en face de moi, allume une cigarette et me souffle la fumée au visage.

— C’est bien pour ça qu’on t’a ramenée de ton pays de merde, non ? Pour jouer les bonniches !