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Du diable si je pige quelque chose aussi !

— Harry ? je répète.

— Oui…

— Alors là, je pige pas… T’es sûr ?

— Oui, tu peux demander à Béru… Ils ont dû le questionner à ce sujet itou…

Mais je n’ai pas le temps de chercher la confirmation de la chose insolite, car voilà mon copain Andy qui me rejoint à l’hosto. C’est moi qui ai demandé à mes gardes du corps de le mander d’urgence, because ces messieurs ne semblaient pas déterminer mon rôle dans l’aventure. Heureusement, le gars Andy me refile à leurs yeux la blancheur Persil.

Je lui relate les dernières heures que je viens de vivre.

— Nous devons piquer une descente à l’adresse que m’a refilée la négresse, fais-je.

Il est également de cet avis. Flanqués des deux armoires, nous fonçons vers Park Avenue.

L’immeuble a belle apparence. Tout en pierre de taille ! Il y a un dais bleu et blanc à l’entrée. Dans le hall, tout est dorures, plantes vertes, éclairage indirect et tapis rouge à baguettes dorées.

Pour s’offrir une crèche dans une tôle commak, faut retirer ses éconocroques de la Caisse d’épargne, croyez-moi !

On va au box vitré où le préposé aux renseignements, fringué en maître d’hôtel. se délecte des dernières aventures de Bob Inard, le shérif.

Cet homme de bien nous indique que M. Xidos habite le premier étage de ce palace !

Au ton qu’il emploie, on pige que le Xidos doit carmer des pourliches grand format.

Andy dit à l’homme de l’aquarium de nous suivre. C’est un fin renard. Il se dit que le Xidos ne délourdera peut-être pas son terrier s’il n’entend pas une voix familière.

L’autre rouscaille comme quoi il n’a pas le droit d’abandonner son poste ! Il a l’esprit Seul Maître après Dieu ! Et puis, faut dire qu’il est au frais dans sa guitoune, vu qu’elle bénéficie de l’air conditionned.

Andy lui montre sa plaque et notre cerbère fait camarade. Nous négligeons l’ascenseur. Nous voici devant une porte grande comme l’entrée principale de l’Opéra de Paname. Mon battant fait du zèle parce que je me dis que si les pieds nickelés en question ne sont pas encore au courant de ma descente dans leur succursale de Harlem, nous avons des chances de les surprendre.

— Sonnez ! ordonne Andy.

Il nous fait signe de tirer nos rapières et de nous planquer contre les murs afin de laisser le portier seul en vue. Ce dernier n’en mène pas large. Il est pâle comme un cierge et des chandelles coulent sur ses tempes. Il préférerait donner des cacahuètes aux petits écureuils gris de Central Park !

Il avance sa pogne tremblante vers le bouton et presse le timbre.

On perçoit la sonnerie feutrée à l’intérieur. Un instant s’écoule. Je décèle un tout petit bruit. Je vous parie des tripes à la mode de Caen contre un camp de nudistes qu’on bigle le visiteur par le minuscule judas à lentille grossissante fixé dans une rainure de la porte.

Enfin, le loquet joue. Le battant s’ouvre.

Andy a dû faire du rugby car pour plonger dans les décors il s’y entend. Il bouscule le portier et, d’une détente, complète l’ouverture de la porte. Devinez qui se trouve devant nous ? L’escogriffe ! Parfaitement ! Le cher garçon qui m’a pompé le sang la veille !

Dans un éclair il repère le feu d’Andy, il me repère ! Il pige que tout est foutu hors l’honneur, et il a la réaction qu’ont tous les gangsters au pedigree trop chargé lorsque l’heure du châtiment sonne : il met la main à sa poche.

Andy ne lui laisse pas le temps de dégainer.

Pan pan pan ! On frappe les trois coups ! Mais avec un parabellum !

M. Jules intercepte, les trois bastos avec sa boîte à ragoût, hésite et décide de mourir un peu.

Nous n’avons plus le temps de faire de la broderie au point de croix. La République nous appelle par nos prénoms ! C’est la charge sauvage !

Tous les quatre, on investit l’appartement.

Nous fonçons dans un salon que je reconnais parfaitement, car c’est celui où j’ai repris connaissance après la séance de bosses du garage. Je reconnais les meubles, le piano mâle… Et surtout les protagonistes. Il y a ma belle vamp blonde ; l’homme aux cheveux gris, les autres…

Et tout ce petit trèpe fait du zèle dans la volière, croyez-le ! En entendant les détonations, ces messieurs-dames ont mis l’arme au poing et ils n’attendent pas notre permission pour défourailler copieusement. Je vois s’écrouler les armoires qui nous escortent. Ils ont dégusté de la crème de plomb dans la brioche et ils sont mis hors jeu avant que nous n’ayons le temps de riposter.

Andy s’est rejeté en arrière, imité par le cher San-Antonio !

Nous nous tenons de chaque côté de la porte vitrée, interdisant de la sorte la sortie des gangsters.

Ils la trouvent mauvaise. Un Jules courageux risque le paquet et bondit. Il le freine d’une balle entre les deux chasses. Ça commence à faire pas mal de viande froide dans le secteur. Les déménageurs de la morgue vont pouvoir se faire les bras !

Notre position clé est très avantageuse. Les renforts vont radiner d’une seconde à l’autre. C’est dire que nos lascars sont faits comme un vieux morceau de brie. Ils n’ont plus qu’à jeter leur artillerie de campagne et à lever bien haut les mains. C’est le conseil que leur donne Andy. Mais au lieu de ça, ils continuent de tirer, comme si ça pouvait leur servir à quelque chose.

Je risque un morceau d’œil dans l’angle d’un des carreaux de la porte non encore brisé. Et qu’est-ce que je vois ? L’homme aux cheveux gris qui est accroupi devant la cheminée. Il vient de froisser des papiers que je reconnais parfaitement : ce sont les plans. Et cette came s’empare de son briquet !

Non, vous parlez ! Il fait disparaître les traces de son forfait, Xidos ! Il veut finir en beauté, et sa plus belle façon de nous dire m… c’est de détruire les fameux plans, objets de toutes ces bagarres !

Il a son flaminaire en pogne. Il l’actionne. Une jolie flamme bleue, en forme de goutte d’huile, naît au poing du gars.

J’ai un pincement dans toute la caisse. Il me semble que je biche une crise d’angine de poitrine.

En une fraction de seconde, je réalise la situation telle qu’elle est.

Pour empêcher l’irréparable : il faut que je descende Xidos. Pour le descendre, je dois m’exposer aux feux conjugués des malfrats. C’est-à-dire, devant de tels tireurs d’élite, faire le sacrifice de ma chère petite peau. Car, en mettant les choses au mieux, je n’ai pas une chance sur cent de flinguer le chef avant d’être repassé !

Alors ? Qu’est-ce qu’on décide ?

CHAPITRE SIXTEEN

COMME LA CHAPELLE[42]

Entre le devoir et les considérations personnelles, je n’hésite jamais longtemps. D’autant plus que j’ai un centième de seconde avant de me décider. Je téléphone un adieu ému à Félicie, ma brave femme de mère, qui doit être en train de passer ma chambre à l’encaustique, tout là-bas, dans notre pavillon de Saint-Cloud.

Je me jette à plat ventre et, à la volée, je plombe Monsieur !

La flamme s’éteint, Xidos également. Et une giclée de prunes arrive dans le couloir, soulevant des morceaux de plancher à quelques centimètres de mon visage.

Je me jette en arrière, indemne ! Un vrai miracle. Je pige que ce qui m’a sauvé, ce sont les trois types morts amassés à l’entrée de la pièce. Ils ont faussé l’angle de tir des boy-scouts.

Andy, depuis sa planque, m’adresse un véhément compliment en élevant son pouce à la hauteur de son visage.

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42

La chapelle Sixteen !