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En l’eau cul rance, ça m’est fatal. J’éternue du raisin. C’est le raisin de la colère ! Je m’ébroue, je renais, je me redresse, je me come colmate, je me maintiens… Et je regarde, de tous mes yeux, like le gars Strogoff avant qu’on lui passe les paupières au fer à friser. It is fort the last fois. Profites-en, bonhomme… Brèfle, vous voyez ce que je veux dire.

Y a autant de cloches dans mon crâne qu’à un congrès radical.

Si le pasteur avait forcé la potion, je voyais le paradis. Ce beau paradis qui n’est pas fait pour les chiens… Men only ! Du reste, y a des moments où je me demande ce qu’ils deviennent, les bons toutous, après leur décès ? Hein ? Les gailles, avec leurs bons yeux fidèles. Les gailles auxquels tout le monde reconnaît qu’il ne manque que la parole pour être aussi c… que l’homme ! Alors ? De l’azote ? Ce que c’est moche !

Je parviens à me mettre à genoux. Je mate mon vis-à-vis. Il se masse le poing d’un air satisfait en me surveillant du coin de l’œil.

Puis il s’avance vers le téléphone et je comprends que ce marchand de félicité va me balanstiquer aux matuches !

D’accord, le copain Andy arrangera le truc, mais ça va faire du circus dans le Times Square Hotel et nous seront brûlés, mes camarades et moi. Manque de bol, je suis tombé sur un vrai pasteur ! Dans ce patelin, ils ne sont pas manchots, les moulins à prières ! Ils font tous du judo, de la boxe, du catch et du saut à la corde pour être en forme devant le démon. Avec eux, Satan n’a aucune chance. Il est out d’avance ! Pas de revanche possible ! Grand combat intersidéral de poids moyens ! Le Révérend Mac Arrony contre Kid Méphisto !

Et Méphisto mord la poussière à la première reprise. Un crochet, deux uppercuts, plus trois pater et deux versets ! Vlan ! Pif ! Paf ! Boum ! Enlevez, c’est pesé, enveloppé sous Cellophane et livré à domicile. Mac Arrony vainqueur par K.O. C’est O.K. ! Kid Stan à la sortie, sur les épaules robustes des sept péchés capitaux, ses fervents supporters !

— Allô ! dit en anglais Mac Arrony.

Je plonge d’une détente féline.

Je lui croche les lattes. Il choit en arrière et le combiné du bignou se met à se balancer au bout de son fil.

D’un geste précis, je raccroche.

Puis je fais front à mon adversaire au moment précis où celui-ci me télégraphie un direct du gauche à la tempe. J’ai un mouvement de recul, nettement insuffisant toutefois. Le marron me percute à la volée et je vois les grandes eaux de Versailles ! C’est du chouette son et lumière ! Textes de Jean Cocteau ! Musique de Robinson, avec Joe Louis à la batterie !

Mes chailles jouent des castagnettes.

Tout à l’heure, il va manquer des chaises dans ma salle à manger ! Cette beigne me révolte. Je me dis, in petto (car je parle plusieurs langues fourrées) qu’il est invraisemblable de se laisser traiter comme un paillasson par un honorable clergyman. Il a une façon de m’accorder sa bénédiction qui n’est pas catholique, ce pasteur ! Depuis Luther on n’avait jamais vu ça ! Je vais devenir protestant ! Que dis-je ! Je proteste déjà…

Dominant ma douleur, mon vertige, mes vapeurs, je me lance à l’assaut. Il m’attend, bien en garde. Alors San-Antonio retrouve ces grandes inspirations qui ont assuré sa popularité méritée[10].

Au lieu de pousser ma charge jusqu’au bout, je plonge dans les quilles du bonhomme. Je lui ai fait perdre l’équilibre une fois, y a pas de raison que je n’y parvienne pas une seconde fois. Effectivement, il part en arrière. Je ne lui laisse pas le temps d’arriver. Pour aider sa chute, il a droit à un coup de saton dans le bide qui le fait se dégonfler et verdir. Puis à un autre dans les vestibules. Il exhale une plainte ravageuse. Puis il se tortille sur le plancher, en se pitrognant le baquet.

— Faites excuse, mon Révérend, je bafouille.

Et de lui cloquer du rabe de tisane à bout portant dans les ratiches.

Ça produit un bruit de dominos mélangés et il décide à partir en reconnaissance chez Plumeau.

J’époussette mon falzar et je vais jusqu’à la lourde vérifier si l’étage est tranquille. Il l’est !

Je donne un tour de clé et je reviens à mon client. Pour commencer, je lui chauffe son larfeuil. Dedans, je trouve un tas de papelards qui me prouvent abondamment que j’ai bien eu affaire à un religieux. J’en suis malade !

Pourtant, je surmonte ma répugnance et je ficelle le monsieur, de manière très classique, en utilisant pour ce faire les cordes des stores.

Puis je le traîne dans la penderie et je lui glisse un oreiller sous la terrine.

Ensuite de quoi, je vais ouvrir la valise qui excitait naguère ma curiosité. Elle est pleine de bibles.

Je dois me remuer le panier, maintenant. Quand on découvrira ce client ainsi saucissonné, ça voudra barder pour mes abattis.

Je calte en souplesse, je referme la porte et je vais balanstiquer la clé de monsieur le pasteur dans la corbeille à papier métallique fixée près de l’ascenseur.

Maintenant il s’agit de faire fissa pour explorer les autres cambuses. Je délaisse encore, provisoirement, celle de la famille O’Skon pour rendre une visite de politesse au jeune couple de Potdzobb…

Justement, ils se trouvent au même étage que le Révérend Bourrepif, ces aimables tourtereaux.

Je me dirige vers la porte 1742 et j’écoute. La chambre est silencieuse. Au lieu de descendre demander la clé, ce qui pourrait à la longue attirer l’attention du préposé, j’utilise mon Sésame.

Ça offre un inconvénient, celui de me forcer à m’accroupir. Si une femme de chambre surgit au fond du couloir à cet instant, je suis flambé. Mais depuis que j’ai assaisonné le pasteur, Dieu est avec moi.

Je pénètre dans la chambre et vite je ferme. Cette fois, manière de ne plus être surpris en flagrant délit, je mets la chaîne de sûreté. Rien de plus traître qu’une serrure. Voyez Louis XVI par exemple. Il était serrurier de second métier. Eh bien ! il s’est laissé boucler au Temple comme une reine, tout descendant de Saint Louis qu’il était ! C’est pas vrai ?

Tenez, je vous ai à la chouette aujourd’hui, je vous veux du bien. Je vais vous faire toucher du doigt ou de ce-que-voudrez une vérité. Dans la vie, y a un grand principe (également en vigueur chez les poissons), ne jamais se fier aux appâts rances ! N’ayez pas confiance en ce qui vous paraît solide, et utilisez au maxi ce qui au contraire paraît insignifiant. Par exemple, je connais un monsieur qui est devenu député le jour où il s’est acheté un chapeau. Simplement parce qu’il a su. Un petit coup à droite, un petit coup à gauche. Rien n’a plus d’importance dans la société qu’un coup de chapeau. Pourquoi croyez-vous que les hommes d’Etat se munissent d’un gibus, hein ? Ben voyons !

Faut comprendre !

Se méfier aussi des mauvaises fréquentations. Quand on en a de mauvaises étant jeune, on risque d’attraper la chtouille et quand on est vieux, une décoration !

Je procède comme précédemment, à savoir que j’explore les meubles. Ils sont rigoureusement vides ! Vous ne trouvez pas ça bizarroïde, vous autres, avec vos petites cervelles usagées ? Ces jeunes mariés qui viennent jouer le grand air du « Fignedé » dans un hôtel sans avoir de bagages ? Je veux bien que pour se prouver sa flamme on n’a pas besoin de matériel annexe, mais quand même.

Les placards aussi sont vides. Décidément, les clients du Times Square n’ont pas l’air de s’encombrer…

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10

Si je ne me passe pas de fleurs, c’est pas vous, tas de pignoufs, qui m’en enverrez !