Выбрать главу

Aux noms qu’ils contiennent, j’en conclus qu’ils concernent mes grands-parents, mes tantes, ma mère.

Un seul est en français. Il s’agit d’une photocopie, plutôt du stencil d’un document qui n’a pas été rempli.

Je reste dubitatif en lisant l’en-tête, tant sur le fond que sur la forme.

Service international de recherches, d’investigations et d’expertises historiques, d’archives et généalogiques

P.O. Box 379/7 K.U.H.A.R.

Kyiv — 03146, Ukraine

Demande sur la recherche des informations sur une personne (une demande est à remplir pour chaque personne, aux lettres moulées, s’il vous plaît)

Toutes proportions gardées, le document semble récent.

Lwów se trouve à présent en Ukraine. Marischa recherchait peut-être un parent éloigné. C’est la seule piste que j’entrevois.

Les autres documents m’en apprendront vraisemblablement davantage.

Je prends le téléphone et compose le numéro de Clémence.

— Oui, Stanislas.

— J’ai besoin d’un traducteur, quelqu’un qui maîtrise le polonais, l’allemand et le russe, engagez-le à partir de lundi prochain. Je passerai au bureau vers onze heures.

— Je m’en occupe.

Restent les papiers que j’ai baptisés inclassables.

Ce sont des lettres en polonais, faites d’enchevêtrements de pattes de mouche, des faire-part de mariage, des annonces de baptêmes ou de décès, des articles de journaux présentant une exposition de Fred, le carnet de poésie de ma grand-mère, des dessins d’enfants, des enveloppes vides, des menus de restaurant.

Côté objets, j’ai deux éventails ringards, une fine chaîne en or, une perle montée en pendentif, un chapelet, rien de valeur à première vue.

Je tire un premier bilan.

Je n’ai rien. Rien me permettant de tisser un lien entre ces monticules de vieux papiers et la mort de mon père. S’il est vrai que ma mère et Marischa savaient que mon père n’allait pas au Caire pour son travail, rien dans ces vieilleries ne m’apporte d’éclaircissements.

Avant de remballer le tout, je me penche sur le passeport de mon père.

Je me revois à dix ans, le cœur battant, cambriolant le buffet rococo, découvrant la photo de mon père, jeune.

Je feuillette les pages. Elles sont chargées de tampons. Certains sont nets, d’autres sont en partie ou en totalité effacés ou illisibles.

Ce sera ma prochaine tâche, établir la chronologie des voyages de mon père. Quelle a été sa première destination ? Dans quelles villes, dans quels pays s’est-il rendu avant son dernier voyage au Caire ?

Je fouille les dernières pages du passeport. Je repère le cachet du Caire.

Il est rectangulaire, l’encre est rouge.

21 AUG 1954

La date est entourée de mots écrits en arabe. Un seul est en anglais.

Entry

Je regarde les dates des tampons précédents. Certains ont été apposés à l’envers. Je tourne et retourne le passeport.

Finalement, je trouve celui qui m’intéresse.

Le 22 juin 1954, mon père s’est rendu en Allemagne, à Tempelhof, l’aéroport de Berlin-Ouest.

C’était deux mois avant sa mort.

28

En douceur

Baden-Baden perdait de sa superbe sous la pluie. Les rues étaient désertes et les façades des palaces revêtaient une allure sinistre.

La voiture était garée à cinquante mètres de l’immeuble où habitait Sommerer. Le silence régnait dans l’habitacle. Nathan était assis à l’avant, l’estomac noué. Il ne connaissait ni le chauffeur ni les deux autres. Ils s’étaient brièvement présentés en arrivant. Tous trois étaient à peine plus âgés que lui.

Le chauffeur, Tomasz, était hongrois. Il avait le visage couvert de cicatrices et fumait cigarette sur cigarette.

Les deux autres étaient silencieux, tassés sur la banquette arrière. Le premier s’appelait Nicolas, un géant barbu à la carrure de lutteur. L’autre était Samuel, le chef d’équipe, un Allemand taciturne au regard fixe, perdu dans des pensées obsédantes.

À l’heure prévue, Sommerer sortit de l’immeuble, ouvrit un parapluie et prit le chemin de l’hôtel, le dos courbé pour affronter le vent et la pluie.

Nathan brisa le silence.

— C’est lui.

Samuel se manifesta.

— Tu es sûr ?

— Certain.

— Plus ils sont prévisibles, plus ils sont vulnérables.

Le chauffeur mit le contact. Nicolas descendit de la voiture et lui emboîta le pas.

La voiture avança à faible allure. Lorsqu’elle arriva à la hauteur du nazi, Samuel ouvrit la fenêtre et l’interpella.

— Monsieur, s’il vous plaît.

L’homme s’arrêta et grimaça un sourire.

— Oui ?

— Je cherche la Leopoldsplatz.

Sommerer hésita un moment.

Son instinct l’avertit du danger. Il tourna la tête à gauche, puis à droite, l’air méfiant.

Au moment où il allait se retourner, Nicolas fondit sur lui. Il le ceintura, le souleva du sol et l’amena vers la voiture. Samuel ouvrit la porte alors que l’homme se mettait à crier.

Le géant le jeta à l’intérieur où il fut accueilli par un violent coup de matraque sur le sommet du crâne. Nicolas monta à son tour, poussa le corps inerte et referma la portière.

Comme il l’avait appris, Tomasz garda son calme. Il écrasa sa cigarette, passa la première et démarra en douceur.

29

Le meurtrier n’avait jamais été identifié

Il est dix heures, je sonne à la porte.

Axelle l’ouvre à la seconde.

— Entre.

— Tu attendais derrière la porte ?

Pour toute réponse, elle accroche ma ceinture et referme la porte à la hâte. Elle me déboutonne, passe une main dans l’échancrure de ma chemise et me triture le bout d’un sein.

— Salaud.

Elle enfonce sa langue dans ma bouche tout en s’attaquant à la fermeture Éclair de mon froc. Elle glisse une main dans mon caleçon.

— Tu bandes comme un âne. Tu crèves d’envie de me baiser.

Elle s’agenouille, fait tomber le pantalon sur mes chevilles et me prend dans sa bouche avec empressement.

Elle s’affaire pendant quelques minutes avant de s’octroyer une pause.

— Sale type.

Elle me lâche, se relève, ôte sa jupe et prend la direction du salon en tortillant des hanches.

Je la regarde s’éloigner. Elle a mis un string à ouverture.

Elle se retourne.

— Tu as envie de me sauter ou tu préfères te branler dans le hall ?

Je défais mes chaussures, me débarrasse de mon pantalon et retire ma chemise.

Je la rejoins dans le salon. Elle est debout et fait mine de lire le journal, les mains posées sur la table, les jambes écartées.

— Tu es là ? Alors, baise-moi vite avant que je ne change d’avis.

J’avance à grands pas, plaque mon bassin contre le sien, enfonce mes dents dans sa nuque tout en lui malaxant les seins.

— Salaud, tu me fais mal.

Je plie les genoux, cherche à la pénétrer.

— Débrouille-toi tout seul et dépêche-toi.

Je glisse deux doigts dans ma bouche, les humecte, les introduis entre ses fesses. Ils trouvent chacun leur place.

— Lequel ?

— Où tu veux, je m’en fous, mais dépêche-toi, il va arriver d’une minute à l’autre.

Je la pénètre sans ménagement. D’un mouvement du bassin, elle recule les fesses pour que je l’envahisse jusqu’à la garde.