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— Pas tout à fait. En fait, le cannibale mange les individus de sa propre espèce. Je me trompe ?

— Hum… Non.

— Donc, un individu qui prélèverait des organes sur un cadavre à des fins de cannibalisme appartiendrait forcément à la même espèce que sa victime. Vrai ou faux ?

— Vous jouez sur les mots, maître.

— Pareil en ce qui concerne les crimes sexuels. Là encore, l’acte sexuel n’a lieu qu’entre membres d’une même espèce. Exact ?

— Habituellement, oui.

— Dans ce cas, nous n’avons aucune raison de croire qu’un Tosok puisse avoir des visées cannibales ou sexuelles sur tout ou partie d’un corps humain, n’est-ce pas ?

— Eh bien… Non.

— En revanche, il me semble que les affaires où des meurtriers humains prélèvent des organes pour ces mêmes raisons sont légion.

— En effet, lui accorde le docteur Flemingdon avec réticence.

— Je vous remercie, docteur.

— Contre-interrogatoire ? lance le juge à l’adresse de Ziegler qui fait non de la tête.

Chapitre 18

Le juge lève la séance pour la pause déjeuner à l’issue de l’audition du docteur Flemingdon. À la reprise de l’audience, Ziegler appelle un nouveau témoin à la barre.

— Veuillez décliner et épeler votre nom.

— Feinstein, Moshe, indique l’homme avant d’épeler.

— Merci.

Moshe Feinstein affiche une mine renfrognée. Le cheveu dru et gris, il porte des lunettes à monture d’écaille et une chemisette bleu pâle.

— Mr Feinstein, veuillez vous présenter à la Cour.

— J’exerce l’activité de criminaliste en chef auprès des services de police de Los Angeles.

— Votre Honneur, le curriculum vitae de Mr Feinstein comporte six pages. Nous aimerions le présenter à la Cour.

Le juge Pringle regarde Dale qui acquiesce de la tête.

— Présentez-le.

— En quelques mots, Mr Feinstein, quelles sont vos qualifications ? Feinstein esquisse un sourire qui n’a rien d’agréable.

— Cela fait seize ans que je travaille pour la police de Los Angeles. J’ai une maîtrise de criminalistique et une autre de chimie. Je figure au conseil d’administration de l’Association californienne de criminalistique et suis membre de l’Académie américaine de médecine légale. Ces deux organisations m’ont d’ailleurs délivré des certificats.

— Merci. Le 23 décembre de l’année dernière, en début de matinée, avez-vous été appelé à la résidence de Valcour Hall, sur le campus de l’use ?

— Oui.

— Pour quelle raison ?

— Pour faire les constatations d’usage dans le meurtre de Cletus Calhoun et superviser le travail des inspecteurs qui se trouvaient sur place.

— Dites-moi, Mr Feinstein, avez-vous retrouvé l’arme du crime dans la chambre du docteur Calhoun ?

— Objection, la coupe Dale en se levant. Le terme « arme du crime » suppose l’intention de tuer et pourrait influencer le jury. Le ministère public n’a pas établi qu’il s’agissait d’un homicide volontaire.

— Objection accordée.

— Dans ce cas, reprend Ziegler, avez-vous trouvé quelque objet susceptible d’avoir servi à trancher la jambe droite du docteur Calhoun ?

— Non.

— Et un instrument qui aurait pu permettre d’écarter les côtes de la victime ?

— Non, mais cela ne m’a pas étonné.

— Pourquoi ?

— Le thorax présentait une incision rectiligne de la base du cou jusqu’au pubis, visiblement due à un instrument mécanique. La lame a fendu le sternum en touchant le cœur ainsi que d’autres tissus. En revanche, les côtes semblent avoir été écartées à la main. L’assassin aura empoigné les bords du sternum et tiré fort, comme ceci, explique-t-il geste à l’appui.

— Qu’est-ce qui vous fait croire que cela s’est passé ainsi, Mr Feinstein ?

— Eh bien, quand on est confrontés à une plaie ouverte, on en regarde toujours les bords et…

— Pourquoi cela ?

— Oh ! on ne sait jamais ce qu’on va découvrir. Mettons qu’on se retrouve avec un corps nu qui a été poignardé. On va regarder si des fibres textiles ne sont pas restées collées au bord de la plaie. Si c’est le cas, cela signifiera que la victime était encore habillée quand elle a été tuée. Si l’arme était rouillée, on va trouver des écailles d’oxyde de fer, des trucs dans ce genre.

— Dans le cas précis, avez-vous rien trouvé de tel ?

— Non.

— Et des fibres textiles ?

— Non plus. Cela confirme que la chemise du docteur Calhoun a bien été ouverte avant de pratiquer l’incision.

— N’avez-vous vous rien découvert de particulier ?

— Si.

— Quoi ?

— Comme je l’ai dit, le sternum a été fendu par un outil extrêmement tranchant, si bien que les arêtes étaient coupantes. Sur l’une d’elles, on a recueilli des cristaux rosâtres.

— Des cristaux ?

— C’est cela.

— Je suppose que vous les avez analysés ?

— En effet.

— Avec quel résultat ?

— Leur structure chimique était tellement complexe que je ne suis pas parvenu à les identifier. Je les ai alors adressés au département de chimie de l’UCLA, avec qui nous avons passé un accord.

— Supposons un instant qu’un être humain ait empoigné les bords du sternum du docteur Calhoun comme vous nous l’avez expliqué et exercé une traction dessus ; que serait-il arrivé à ses mains ?

— Je vous ai dit que les bords étaient tranchants. À moins de porter des gants, la personne n’aurait pu éviter de se couper.

— Je suppose qu’on a relevé la présence de sang humain sur les bords en question ?

— Oui, en grande quantité.

— Y avait-il trace d’un sang autre que celui de la victime ?

— Pour autant que je sache, non. Les échantillons correspondaient tous au sang du docteur Calhoun, rhésus et groupe sanguin.

— Merci de cette précision. En plus des cristaux, qu’avez-vous encore découvert sur le lieu du crime ?

— Certains objets.

— Ceux-ci ? demande Ziegler en montrant un sachet plastique à fermeture coulissante.

— Oui.

— Je souhaite faire enregistrer la pièce vingt-sept du ministère public.

— Pas d’objection, lance Dale.

— C’est enregistré.

— Mr Feinstein, pourriez-vous nous décrire le contenu de ce sachet ?

— Il contient trois objets plats en losange, ramassés dans la chambre que le docteur Calhoun occupait à l’USC.

— À votre avis, de quoi peut-il s’agir ?

— Objection, proteste Dale. Cette question induit le témoin à formuler des hypothèses.

— Je vais reformuler ma question. Mr Feinstein, la forme de ces objets vous évoque-t-elle quelque chose ?

— En effet.

— Quoi donc ?

— On dirait les écailles qui recouvrent le corps des Tosoks.

— Votre Honneur, nous souhaiterions que l’accusé se lève afin de comparer les objets trouvés sur le lieu du crime avec les écailles qui couvrent son corps.

— Votre Honneur, dit Dale, puis-je approcher ?

— Approchez.

Dale et Ziegler viennent se placer devant l’estrade du juge.

— Votre Honneur, reprend l’avocat, je m’oppose à cette comparaison. Rien ne permet d’affirmer que ces écailles proviennent de Hask plutôt que d’un autre Tosok. Le fait qu’elles correspondent aux siennes quant à la forme et la taille risque de lui porter préjudice, alors qu’il partage ces mêmes caractères avec ses congénères.

— Je suis assez d’accord, opine le juge. Maître Ziegler ? Ziegler soupire.