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— Compris, Querl.

Horza nota le ton glacial de cette réponse, même à travers le filtre du petit haut-parleur intégré au casque.

— Parfait. Faites appel à votre faculté d’initiative pour décider du meilleur itinéraire de retour. Entretemps, détruisez les villes de De’aychanbie, Vinch, Easna-Yowon, Izilère et Ylbar au moyen de bombes à fusion, conformément aux instructions de l’Amirauté.

— Bien, Qu…

Xoralundra bascula d’un coup l’interrupteur du casque, qui se tut.

— Ainsi vous détenez Balvéda ? s’étonna Horza.

— L’agent de la Culture, en effet. Je considère sa capture, voire son élimination, comme relativement peu importante. Mais c’est l’assurance que nous chercherions à nous emparer d’elle qui a décidé l’Amirauté à envisager l’excursion périlleuse que représentait votre sauvetage.

— Mmm… Je parie que vous n’avez pas pris son missile-couteau.

Horza renifla en contemplant à nouveau ses mains ridées.

— Il s’est autodétruit au moment où vous embarquiez dans la navette. (Xoralundra agita la main, et une bouffée de senteurs idiranes se répandit à travers la table.) Mais ne parlons plus de cela. Je dois vous expliquer pourquoi nous avons risqué un de nos croiseurs légers pour venir à votre secours.

— Je vous en prie, faites, répondit Horza en se retournant pour lui faire face.

— Il y a quatre jours standards, exposa le Querl, un de nos détachements a intercepté un appareil de la Culture isolé, d’apparence conventionnelle mais doté d’une configuration interne des plus étranges, si l’on se fie à sa signature radioactive. Nous l’avons détruit sans difficulté, mais son Mental s’est enfui. Cela se passait non loin d’un système planétaire, et le Mental semble avoir transcendé l’espace réel pour se réfugier sous la surface d’un globe bien précis, preuve qu’il inclut un procédé de gestion du champ hyperspatial que nous pensions – ou plutôt que nous espérions – hors de portée de la Culture. En tout cas, la spatiobatique de ce niveau est actuellement hors de notre portée à nous. Nous avons des raisons de croire, en nous basant sur cette observation parmi d’autres, que le Mental en question appartient à une nouvelle classe de Véhicules Systèmes Généraux développée ces temps-ci par la Culture. Sur le plan du renseignement militaire, la capture de ce Mental représenterait un véritable coup d’éclat.

Le Querl marqua une pause, et Horza en profita pour demander :

— Et cette chose se trouve maintenant sur le Monde de Schar ?

— C’est cela. D’après son ultime message, il avait l’intention de trouver refuge dans les tunnels du Complexe de Commandement.

— Et il n’y a rien que vous puissiez faire ? dit Horza en souriant.

— Nous sommes venus vous chercher. Voilà ce que nous pouvions faire, Bora Horza. (Un silence.) Le dessin de votre bouche indique que vous percevez quelque chose d’amusant dans cette situation. De quoi s’agit-il donc ?

— Je me disais simplement… Eh bien, un certain nombre de choses. Par exemple, que ce Mental est drôlement malin, ou qu’il a eu beaucoup de chance ; que vous avez eu de la chance de m’avoir sous la main. Et qu’il ne faut pas compter sur la Culture pour rester passive dans cette affaire.

— Pour répondre à vos remarques dans l’ordre, répondit sèchement Xoralundra, ce Mental de la Culture s’est montré à la fois malin et fortuné ; nous avons également bénéficié de circonstances favorables ; et la Culture ne peut pas faire grand-chose pour la bonne raison que – pour autant que nous sachions – elle n’a pas de Métamorphe à sa disposition, et surtout pas de Métamorphe ayant déjà accompli une mission sur le Monde de Schar. J’ajouterai également, Bora Horza, poursuivit l’Idiran en posant ses deux grandes mains sur la table et en abaissant brusquement sa tête vers l’humain, que vous avez vous-même eu une chance considérable.

— Certes, mais la différence est que, moi, j’y crois, sourit Horza.

— Mmm… Cela ne joue pas en votre faveur, observa le Querl.

Horza haussa les épaules.

— Vous voulez donc que je débarque sur le Monde de Schar et que je trouve le Mental ?

— Si possible, oui. Il est peut-être endommagé. Il est susceptible de s’autodétruire, mais le jeu en vaut la chandelle. Nous vous fournirons tout le matériel nécessaire, mais votre présence seule nous permettrait déjà d’avoir un pied dans la place.

— Et les gens qui vivent déjà là-bas ? Les Métamorphes qui assurent l’intérim ?

— Ils n’ont pas donné signe de vie. On peut admettre qu’ils n’ont pas remarqué l’arrivée du Mental. Leur prochaine transmission régulière est prévue pour dans quelques jours mais, étant donné les perturbations actuelles dues à la guerre, ils ne seront peut-être pas en mesure d’émettre.

— Peut-on savoir…, commença lentement Horza en décrivant du bout du doigt un cercle sur la table qu’il contemplait fixement, quelles informations vous détenez sur le personnel de la base ?

— Les deux membres au grade le plus élevé ont été remplacés par des Métamorphes plus jeunes. Les deux sentinelles juniors sont montées en grade et demeureront à leur nouveau poste.

— Ils ne seraient pas en danger, par hasard ?

— Bien au contraire. L’intérieur d’une Barrière de la Sérénité établie par les Dra’Azon et la surface d’une Planète des Morts comptent parmi les endroits les plus sûrs, en ces temps d’hostilités. Pas plus que la Culture nous ne pouvons prendre le risque d’offenser les Dra’Azon, de quelque manière que ce soit. Voilà pourquoi la Culture ne peut rien faire, et voilà pourquoi vous êtes notre seul recours.

— Dans l’hypothèse…, articula soigneusement Horza en baissant légèrement le ton, où j’accomplirais ma mission auprès de cet ordinateur métaphysique…

— Je sens à votre voix que nous allons aborder la question de la rémunération, coupa l’autre.

— C’est exact. Il y a suffisamment longtemps que je risque ma peau pour vous, Xoralundra. Je veux m’en aller. J’ai une amie très chère à la base du Monde de Schar, et si elle est d’accord, je souhaite l’emmener loin de cette guerre. Tel est mon prix.

— Je ne peux rien vous garantir. Je vais transmettre votre requête. Vos états de service, votre ancienneté et votre dévotion seront pris en compte.

Horza se radossa et fronça les sourcils. Il ne savait pas très bien s’il fallait voir de l’ironie dans les propos du Querl. Que représentaient six années pour une race d’êtres pour ainsi dire immortels ? Néanmoins, Xoralundra n’ignorait pas que son frêle pupille humain avait très souvent tout risqué au service de ses maîtres étrangers, et sans véritable récompense ; peut-être était-il donc sincère.

Horza n’eut pas le temps de reprendre son marchandage : le casque émit à nouveau une sonnerie aiguë. Il fit la grimace. À bord du vaisseau idiran, tous les sons étaient assourdissants. Les voix grondaient comme le tonnerre ; un signal, un quelconque timbre et ses oreilles carillonnaient un long moment. Quant aux annonces transmises par les haut-parleurs, elles lui faisaient porter les deux mains à sa tête. Restait à espérer qu’il n’y aurait pas d’alarme générale tant qu’il serait à bord. La sirène du vaisseau idiran était susceptible d’endommager gravement les oreilles humaines non protégées.

— Qu’est-ce que c’est encore ? s’enquit Xoralundra en s’adressant au casque.

— La femme de la Culture est à bord. Il me faut encore huit minutes pour que les plates-formes à canons soient…

— Les villes ont-elles été détruites ?