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— Pareil pour moi, capitaine.

— La garde syndic a-t-elle déjà réagi à notre irruption ?

— Pas encore. Elle ne nous verra pas avant… dix-neuf minutes. »

Ils n’étaient dans le système de Lakota que depuis onze minutes… Difficile de s’en persuader. Il n’existe aucun moyen de contrecarrer une réaction qui ne s’est pas encore produite, et attendre celle des Syndics serait à coup sûr une erreur dans la mesure où chaque minute comptait. Geary frappa de nouveau les touches de communication. « À toutes les unités de la flotte de l’Alliance, ici le capitaine Geary. Les instructions concernant le plan de manœuvre vous sont transmises en ce moment même. Exécution immédiate dès réception. Il est d’une importance cruciale que nous prenions le contrôle du plus grand nombre possible de bâtiments de radoub syndics avant qu’ils ne comprennent que nous comptons les arraisonner plutôt que les abattre ; donc toutes les unités engagées dans cette opération devront se conformer d’aussi près que possible au minutage prévu. Il reste également essentiel que nous ne déclenchions pas l’explosion du réacteur d’un de ces bâtiments de radoub. Nous présumons que des prisonniers de l’Alliance se trouvent à bord de l’Audacieux, aussi veillez à ne pas tirer sur son épave. À toutes les autres unités, efforcez-vous d’infliger le maximum de dommages aux bâtiments à votre portée. Nous tenons à ce qu’ils en récupèrent le moins possible. Recourez autant que faire se peut aux lances de l’enfer et ne gaspillez vos munitions que si c’est absolument nécessaire. »

Il bascula sur un autre circuit et s’adressa au commandant des fusiliers spatiaux embarqués sur ses plus grosses unités : « Colonel Carabali, travaillez en concordance avec les commandants des vaisseaux qui devront arraisonner les bâtiments de radoub syndics, afin d’assurer le soutien de vos fusiliers à leurs équipes de débarquement. Veuillez aussi préparer une section d’assaut chargée de reprendre aux Syndics l’épave de l’Audacieux et de libérer tous les prisonniers. Je vous ai envoyé une copie du plan de manœuvre, afin de vous informer de ceux de nos vaisseaux qui approcheront l’Audacieux. Vous avez toute autorité pour requérir leurs navettes de dotation, hormis celles de nos auxiliaires, pour transborder vos hommes sur ce cuirassé et évacuer les prisonniers. Des questions ?

— Non, capitaine, répondit brièvement Carabali. Mon plan sera soumis à votre approbation dans la demi-heure.

— Merci, colonel. Il se peut que ces vaisseaux de guerre syndics et la situation en général occupent toute mon attention. Si vous n’avez pas de nouvelles de moi, considérez que vous avez mon approbation et procédez à son exécution.

— En outrepassant la voie hiérarchique, capitaine ? s’étonna le colonel des fusiliers.

— Exactement. Vous êtes le commandant de ma force de débarquement et vous avez amplement donné la preuve de votre efficacité. Mettez-vous au travail et, si jamais vous avez besoin d’autres équipements de la flotte, faites-le-moi savoir. »

Carabali hocha la tête sans parvenir à réprimer complètement un sourire puis salua roidement : « À vos ordres, capitaine ! »

Geary passa sur un troisième circuit pour appeler le commandant du Sorcière, qui était aussi celui de la division des auxiliaires rapides de la flotte, composée de ce bâtiment, du Gobelin, du Djinn et du Titan. « Capitaine Tyrosian, nous comptons prendre le contrôle d’autant de ces bâtiments de radoub que possible. Il nous faudra piller au plus vite leurs soutes de minerais bruts. Existe-t-il une sorte de transporteur permettant de relier nos bâtiments à ces soutes ? »

À cinq secondes-lumière de là, Tyrosian afficha une mine éberluée, fixa Geary en clignant des yeux puis prit brusquement la parole : « Nous disposons de transporteurs de charge, mais nos systèmes et les leurs ne sont pas compatibles, capitaine. Leur conception diffère, bien entendu. Nous devrons utiliser les leurs pour transférer le minerai jusqu’à un point de chargement, puis le déménager sur nos propres transporteurs, ce qui exigera un délai substantiel. »

Geary grinça des dents puis se tourna vers Desjani. « Les transporteurs de nos auxiliaires ne correspondent pas à ceux dont se servent les Syndics pour accéder à leurs soutes de minerais bruts.

— Faites sauter les fuselages des vaisseaux syndics et enfoncez nos transporteurs dans les soutes, suggéra Desjani, l’air de dire que ça tombait sous le sens.

— Excellente idée. » Geary la répéta à Tyrosian.

« Ça leur infligera des dommages structurels, capitaine… commença Tyrosian.

— Nous voulons seulement que ces bâtiments de radoub tiennent le coup jusqu’à ce que nous les ayons vidés ! Ensuite, ils peuvent bien éclater en mille morceaux à cause des dommages structurels que nous leur aurons infligés en ouvrant des trous dans leur coque. Bon sang, je tiens même à ce qu’ils le fassent pour que les Syndics ne puissent pas les renflouer ! Préparez vos ingénieurs au départ. Nous devons charger très rapidement ces minerais bruts. Aurez-vous besoin de l’assistance des fusiliers pour percer ces trous dans leurs coques ? »

Tyrosian réussit à prendre une mine offensée : « Les ingénieurs sont plus doués que les fusiliers pour démolir, capitaine, affirma-t-elle.

— J’organiserai un concours, capitaine Tyrosian. Exécutez les ordres et, si vous rencontrez un problème, faites-le-moi savoir. »

Geary se rejeta en arrière en respirant pesamment, sidéré lui-même de la promptitude avec laquelle ils avaient mis au point ce plan. Il coula un regard vers Desjani et constata qu’elle aussi s’adossait à son fauteuil en lui souriant, le visage légèrement empourpré, comme si elle venait de piquer un sprint. « Vous a-t-on déjà dit que vous étiez un excellent officier, capitaine Desjani ? »

Le sourire de Desjani s’élargit. « Merci, capitaine. »

Tout en reprenant son souffle, Geary s’émerveillait de l’expérience. Desjani et lui avaient déjà travaillé de nombreuses fois ensemble mais jamais aussi efficacement. En anticipant mutuellement leurs décisions, en se soutenant l’un l’autre, en réglant de concert les mouvements de la flotte. Faire l’amour sans faire l’amour… c’était ce qu’on pouvait trouver de plus proche. Il jeta un autre regard au visage rose et satisfait de Desjani, et se demanda si la métaphore n’était pas un peu trop parlante. Son regard croisa le sien et son sourire s’évanouit, cédant la place à une mine inquiète, puis elle détourna les yeux. Génial. Quelque chose dans l’expression de Geary l’avait mise mal à l’aise.

Quoi, maintenant ? Trouve un autre sujet d’intérêt. Comme la bataille imminente, par exemple. « Dans quel délai la flottille de surveillance syndic nous apercevra-t-elle ?