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Elle resta ainsi, les yeux fermés, croyant presque être au Pays des Merveilles, tout en sachant fort bien qu’il lui suffirait de les rouvrir pour retrouver la terne réalité. L’herbe ne bruirait plus qu’au souffle du vent, et, seul, le balancement des tiges des roseaux ferait naître des rides à la surface de la mare… Le tintement des tasses à thé deviendrait le tintement des clochettes des moutons, les cris aigus de la Reine ne seraient plus que la voix du petit berger… Les éternuements du bébé, les cris du Griffon et tous les autres bruits étranges, se transformeraient (elle ne le savait que trop) en la rumeur confuse qui montait de la basse-cour, tandis que les meuglements lointains du bétail remplaceraient les lourds sanglots de la Simili-Tortue.

Finalement, elle se représenta cette même petite sœur devenue femme. Elle était certaine que, dans les années à venir, Alice garderait son cœur d’enfant, si aimant et si simple; elle rassemblerait autour d’elle d’autres petits enfants, ses enfants à elle, et ce serait leurs yeux à eux qui deviendraient brillants et avides en écoutant mainte histoire extraordinaire, peut-être même cet ancien rêve du Pays des Merveilles. Elle partagerait tous leurs simples chagrins et prendrait plaisir à toutes leurs simples joies, en se rappelant sa propre enfance et les heureuses journées d’été.

(1865)

[1] En anglais: Antipathies. Jeux de mot intraduisible. Alice veut parler des habitants des pays situés aux antipodes de la Terre.

[2] En français, dans le texte original

[3] En anglais, Caucus Race: terme un peu méprisant; il s’agit d’une réunion politique pour désigner un candidat aux élections; peut être traduit par “course des politicards” ou “course à la candidature”.

[4] Le texte original comporte un jeu de mots entre tale (histoire) et tail (queue), que le traducteur a essayé de rendre en modifiant légèrement la traduction littérale.

[5] Le texte original comporte un jeu de mots entre “I had not!” et “knot!” (noeud), que le traducteur a essayé de rendre en modifiant légèrement la traduction littérale.

[6] Parodie d’un long poème ennuyeux et moralisateur que l’on obligeait les écoliers à apprendre du temps de Lewis Carroll.

[7] Le mot anglais employé est “serpent”, qui désigne le serpent du démon, par opposition à “snake”, le mot usuel pour serpent.

[8] Voir l’expression to grin as a Cheshire cat (avoir un sourire fendu jusqu’aux oreilles comme un chat du Cheshire); certains fromages du Cheshire, province où est né l’auteur, étaient moulés en forme de chats grimaçants.

[9] Parodie du poème écrit en 1849 par David Bates

[10] Allusion à deux expressions anglaises: to be mad as a hatter (être fou comme un chapelier ou travailler du chapeau) et: to be mad as a March hare (être fou comme un lièvre de Mars). La première expression serait due au fait que les vapeurs de mercure employé autrefois dans le traitement des feutres des chapeaux pouvaient finir par rendre fou; la seconde au fait que le lièvre devient quasiment fou lors de la saison des amours, vers le mois de mars.

[11] Parodie du poème de Jane Taylor Twinkle, twinkle little star (Scintille, scintille petite étoile).

[12] A l’époque de Lewis Caroll, le thé était souvent servi à 6 heures.

[13] Allusion à la «Guerre des deux roses», épisode de l’histoire anglaise qui opposa les York – armoiries avec une rose blanche – aux Lancaster – armoiries avec une rose rouge – au XVème siècle.

[14] Soupe à la Simili-Tortue: soupe à base de tête de veau qui remplace la véritable soupe de tortue verte, rare et chère. D’où l’illustration d’une tortue à tête et pied de veau.

[15] Parodie d’un poème de Mary Howith The Spider and the Fly (l’Araignée et la Mouche)