Выбрать главу

Non moins importante fut l’aide apportée par Michèle et François Bresson, qui par leurs conseils et leur relecture attentive ont fortement contribué à l’amélioration du manuscrit. Ajoutons encore qu’Alexandre Marcinkowski a amicalement accepté d'effectuer une relecture minutieuse de l’ensemble du livre. La cartographie est due à la générosité d'Olivier Henry (Bordeaux). Nathalie Tran a mis au service de ce texte sa compétence pour en assurer la mise en page. Nous restons seul responsable des thèses défendues ici et les erreurs qui pourraient subsister nous seraient entièrement imputables.

RÉFÉRENCES DES CHAPITRES DÉJÀ PUBLIÉS

Chapitre I “Rhodes. l'Hellénion et le statut de Naucratis”, Dialogues d’Histoire ancienne, 6, 1980, 291-349.

Chapitre IV “Rhodes : une famille camiréenne de commerçants en blé”, Index, 9, 1980, 144-149.

Chapitre V “La dynamique des cités de Lesbos”, Cahiers Radet (Université de Bordeaux III), 3, 1983, 11 p.

Chapitre VI “Aristote et le commerce extérieur”. Revue des Études anciennes, 89, 1987, 217-238.

Chapitre VII “L'attentat d'Hiéron et le commerce grec”, in : P. Briant, R. Descat et J. Andreau, éd., Les échanges dans l'Antiquité : le rôle de l'État, Entretiens d’archéologie et d’histoire 1, Saint-Bertrand-de-Comminges, 1994, 47-68.

Chapitre XI “Prosodoi publics, prosodoi privés : le paradoxe de l’économie civique”, Ktema, 23, 1998, 243-262.

Chapitre I. Rhodes, l’Hellénion et le statut de Naucratis (vie-ive siècle a.C.)

A Naucratis, les fouilles britanniques de la fin du siècle dernier ont permis de mettre au jour plusieurs sanctuaires et des quantités importantes de céramique grecque de fabrications très diverses[3]. Mais, au vu des controverses à ce sujet, il ne semble pas que l’étude du matériel archéologique et des sources écrites ail permis jusqu'à présent de déterminer nettement le statut de cet établissement grec en pays égyptien. Or. il nous a paru qu'il était possible de présenter une nouvelle vision des choses, en procédant à une étude plus précise des sources littéraires elles-mêmes, et à un rapprochement, jusqu'ici jamais effectué dans cette perspective, entre, d'une part, les sources littéraires et archéologiques et, d'autre part, un certain nombre de documents épigraphiques – nous entendons par là non seulement les inscriptions provenant du site de Naucratis, mais aussi, voire surtout, les inscriptions de diverses régions du monde grec où il est question de cette ville. Parmi ces dernières, deux décrets de proxénie rhodiens sont plus particulièrement importants pour notre recherche. Ils font donc l’objet d'une étude spéciale. Comme l’analyse de la place de Rhodes au sein de l’Hellénion conduit aussi à donner une nouvelle présentation du fonctionnement et du rôle de ce sanctuaire, il se trouve donc que, globalement, l’étude des rapports entre Rhodes et Naucratis retient particulièrement l'attention. Enfin, à la lumière des résultats acquis, il est possible de proposer une réflexion plus générale sur le statut et le rôle de Naucratis, par comparaison avec les établissements de ce type.

1.1 Si l’on veut bien, pour le moment, faire abstraction des sources tardives, le texte fondamental pour la connaissance du statut de Naucratis reste Hérodote 2.178–179. On sait que l’historien s’était lui-même rendu en Égypte, et qu’il y avait recueilli des informations de première main[4]. Sur Naucratis, il donne le commentaire suivant :

[178] Φιλέλλην δὲ γενόμενος ὁ Ἄμασις ἄλλα τε ἐς Ἑλλήνων μετεξετέρους ἀπεδέξατο καὶ δὴ καὶ τοῖσι ἀπικνεομένοισι ἐς Αἴγυπτον ἔδωκε Ναύκρατιν πόλιν ἐνοικῆσαι· τοῖσι δὲ μὴ βoυλομένοισι αὐτῶν ἐνοικέειν, αὐτόσε δὲ ναυτιλλομένοισι ἔδωκε χώρους ἐνιδρύσασθαι βωμοὺς καὶ τεμένεα θεοῖσι. Τὸ μέν νυν μέγιστον αὐτῶν τέμενος καὶ ὀνομαστότατον ἐὸν καὶ χρησιμώτατον, καλεόμενον δὲ Ἑλλήνιον, αἵδε πόλιές εἰσι αἱ ἱδρυμένοι κοινῇ· Ἰώνων μὲν Χίος καὶ Τέως καὶ Φώκαια καὶ Κλαζομεναί, Δωριέων δὲ Ῥόδος καὶ Κνίδος καὶ Ἁλικαρνησσὸς καὶ Φάσηλις, Αἰολέων δὲ ἡ Μυτιληναίων μούνη. Τουτέων μέν ἐστι τοῦτο τὸ τέμενος, καὶ προστάτας τοῦ ἐμπορίου αὗται αἱ πόλιές εἰσι αἱ παρέχουσαι· ὅσαι δὲ ἄλλαι πόλιες μεταποιεῦνται, οὐδέν σφι μετεὸν μεταποιεῦνται. Χωρὶς δὲ Αἰγινῆται ἐπί ἑωυτῶν ἱδρύσαντο τέμενος Διός, καὶ ἄλλο Σάμιυι Ἥρης, καὶ Μιλήσιοι Ἀπόλλωνος. 179 Ἦν δὲ τὸ παλαιόν μούνη Ναύκρατις ἐμπόριον καὶ ἄλλο οὐδὲν Αἰγύπτου· εἰ δέ τις ἐς τῶν τι ἄλλο στομάτων τοῦ Νείλου ἀπίκοιτο. χρῆν ὀμόσαι μὴ μὲν ἑκόντα έλθεῖν, ἀπομόσαντα δὲ τῇ νηὶ αὐτῇ πλέειν ἐς τὸ Κανωβικόν · ἢ εἰ μή γε οἷά τε εἴη πρὸς ἀνέμους ἀντίους πλέειν, τὰ φορτία ἔδεε περιάγειν ἐν βάρισι περὶ τὸ Δέλτα, μέχρις οὗ ἀπίκοιτο ἐς Ναύκρατιν. Οὕτω μὲν δὴ Ναύκρατις ἐτετίμητο.

“[178] Devenu ami des Grecs, Amasis le montra entre autres en faisant bon accueil à certains d’entre eux ; notamment, à ceux qui venaient en Égypte, il concéda (à ceux d'entre eux qui voulaient résider) la ville de Naucratis pour y résider ; à ceux d’entre eux qui ne voulaient pas résider, mais qui venaient là en navigateurs, il concéda des terrains pour y fonder des autels et des sanctuaires à leurs dieux. Le plus grand de ces sanctuaires, le plus célèbre et le plus fréquenté, appelé Hellénion, a été fondé en commun par les cités suivantes : pour les Ioniens, Chios, Téos, Phocée et Clazomènes ; pour les Doriens, Rhodes, Cnide, Halicarnasse et Phasélis ; pour les Éoliens, la seule Mylilène. C'est à elles qu’appartient le sanctuaire, et ce sont ces cités qui fournissent les présidents du port. Toutes les cités qui prétendent y avoir part le font sans y avoir aucun droit. Séparément les Éginètes ont fondé pour leur propre compte un sanctuaire de Zeus, les Samiens un autre d’Héra, et les Milésiens un pour Apollon. 179 Autrefois, seule Naucratis était un port de commerce, et l’Égypte n’en avait point d’autre. Si quelqu’un arrivait à une autre bouche du Nil, il devait jurer qu'il n'y était pas venu volontairement, et, après avoir prêté serment, il devait faire voile avec son navire vers la branche canopique ; ou bien, si toutefois il n'était pas possible de faire voile du fait de vents contraires, il devait faire faire à sa cargaison le tour du Delta dans des barges, jusqu’à ce qu'il arrivât à Naucratis. Telles étaient les prérogatives dont jouissait Naucratis.”

вернуться

3

Les résultats des fouilles britanniques ont été publiés par Petrie 1886 ; Gardner 1888 ; Hogarth et al. 1898/9, 26-97 ; Hogarth et al. 1905, 105-136. On trouvera dans la thèse d’A. Bernand (1970, II, 575-636), une bibliographie détaillée et un historique complet des fouilles et recherches sur Naucratis jusqu’à la date de publication. Avec celui, d'un genre différent, de M. Austin (1970), cet ouvrage nous évitera bien des mises au point. Dans un certain nombre des cas, nous nous contenterons d’y renvoyer. Les critiques que nous aurons à faire à l’ouvrage d'Austin, sur des points cruciaux il est vrai, n’enlèvent rien au mérite de l’auteur qui a tenté une vaste synthèse sur un problème difficile. Notre objectif est ici beaucoup plus modeste.

вернуться

4

Voir Sourdille 1910, 38-41, et Lloyd 1975, chap. 2, 61-76, “Herodotus’ travels in Egypt”.