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[45] Le commentaire par excellence, celui d'Averroès aux oeuvres d'Aristote.

[46] Le deuxième cercle est celui des luxurieux, coupables des péchés de la chair et punis par une tempête constante qui les emporte et les tourmente sans cesse. La peine est analogue au péché, qui fut de se laisser emporter par la passion et par les impulsions de la chair.

[47] Minos, roi de Crète, mari de Pasiphaé, était déjà regardé par les païens comme l'un des trois juges de l'Enfer; mais c'est Dante qui l'a transformé en bête à queue, diable ou Minotaure.

[48] Ces vers sont la répétition textuelle de deux vers antérieurs, chant III, vers 94-95.

[49] Didon.

[50] Achille était tombé amoureux de Polyxène, fille de Priam: cette passion nouvelle fut le dernier aiguillon qui le poussait à la guerre, et l'occasion de sa mort.

[51] Paolo Malatesta et Francesca de Rimini. Francesca, fille de Guido, seigneur de Polenta, épousa après 1275 Gianciotto Malatesta, sire de Rimini, seigneur puissant, mais d'une remarquable laideur. Elle le trompa avec son beau-frère, qui était marié lui-même; et Gianciotto les tua tous les deux, vers 1285. Dante a connu peut-être les détails de leur aventure à Ravenne, où il passa les dernières années de sa vie, auprès de Guido Novello de Polenta, neveu de Françoise; cependant Boccace est d'un autre avis: «Je pense qu'il s'agit plutôt d'une fiction formée sur ce qui apparaissait comme possible, car je ne pense pas que l'auteur ait pu savoir comment cela s'était passé.» Cf. M. Barbi, Francesca da Rimini, dans Con Dante e coi suoi interpreti, Florence 1941, pp. 117-151.

[52] Cette ville est Ravenne, qui se trouvait alors bien plus près de la mer qu'elle n'est maintenant.

[53] La Caïne est la zone du dernier cercle de l'Enfer, réservée aux traîtres à leurs parents. Francesca affirme donc que Gianciotto (qui peut-être vivait encore en 1300) ira au fond de l'Enfer, pour avoir agi en traître envers son frère. Cette affirmation peut sembler curieuse, puisqu'il s'agit d'une vengeance tirée de quelqu'un qui justement avait trahi la confiance de son propre frère. Les commentateurs (Scartazzini) considèrent que la trahison imputée à Gianciotto est la mort qu'il donna à son frère et à sa femme. Mais Dante dit «chi a vita ci spense «, celui qui nous éteignit à la vie, qui nous enleva l'espoir de vivre. Il s'agit sans doute de la vie éternelle, la seule vie vraie. La trahison de Gianciotto n'est pas de les avoir tués, mais de les avoir tués par surprise, sans leur laisser le temps de se repentir: il avait le droit de leur prendre la vie, mais il n'avait pas celui d'empêcher leur salut – et c'est cette trahison qui mérite la Caïne.

[54] Probablement parce que cette introduction de Francesca est un écho de celle d'Énée s'adressant à Didon: Infandum, regina, jubes renovare dolorem.

Avant de raconter ses malheurs, Énée signalait ainsi que le récit qu'on lui demandait devait être pour lui la source d'une douleur nouvelle; et c'est ce que dit ici Francesca paraphrasant la pensée du «docteur».

[55] Dans l'ancien roman français de Lancelot, celui-ci aime Genièvre, épouse du roi Arthur, mais n'ose pas lui déclarer son amour. Genièvre le sait; et lorsque Galehaut, ami de Lancelot, demande à la reine la grâce d'un baiser pour son serviteur, Genièvre accède à sa prière et baise longuement Lancelot, en présence de son confident. Ce fut sur ce passage que s'arrêtèrent les deux amoureux. Ainsi qu'il est dit un peu plus loin, le vieux poème français fut pour eux ce que Galehaut avait été pour Lancelot.

[56] Le troisième cercle est réservé aux gourmands. Ils gisent par terre, dans un marais puant, et sont soumis à une pluie mêlée de grêle et de neige. Les pécheurs sont punis par où ils ont péché, puisqu'ils n'ont recherché que la satisfaction des sens, qui sont maintenant fustigés.

[57] Le personnage est peut-être appelé par son vrai nom (Ciacco serait alors une déformation du français Jacques) ou par un sobriquet (ciacco, cochon). Il n'est connu que par cette mention, et par la glose de Boccace: «Il était mordant dans ses discours, et il fréquentait les gentilshommes et les riches, surtout ceux qui mangeaient et buvaient splendidement et délicatement: il allait les voir, lorsqu'on l'invitait, et si on ne l'invitait pas il y allait quand même, ce qui faisait qu'il était très connu parmi les Florentins.»

[58] Allusion aux factions politiques qui divisaient Florence et dont Dante lui-même allait être bientôt la victime. Les Guelfes, alors maîtres à Florence, s'étaient divisés en deux partis, les Blancs ou partisans des Cerchi, tenants d'un conservatisme aristocratique, et les Noirs ou partisans des Donati, qui s'appuyaient sur le peuple. Les Blancs, appelés aussi Sauvages, parce que leurs chefs venaient surtout de la campagne, devaient chasser les Noirs de Florence en 1301: c'est ce que prophétise Ciacco en cet endroit, en ajoutant que les Blancs eux-mêmes tomberont dans trois ans (en 1302), grâce au pape Boniface VIII. qui favorisait les Noirs, mais qui ne s'était pas encore déclaré en leur faveur. Dante, qui appartenait au parti des Blancs, fut exilé avec eux, en 1302.

[59] On a discuté vainement pour savoir qui étaient ces deux justes. On pense que l'un d'eux serait Dante lui-même: mais si cela était, Dante l'aurait-il demandé à Ciacco? Et le dirait-il d'une façon aussi obscure? Les trois vices cités à la suite, l'orgueil, l'avarice et l'envie, sont les mêmes que personnifiaient les trois bêtes du chant I.

[60] Malgré leurs nombreux bienfaits, ces personnages logent dans l'Enfer. Tegghiajo et Rusticucci sont des sodomites (chant XVI), Farinata est un hérétique (chant X), Mosca apparaît parmi les semeurs de discorde (chant XXVIII). Il est curieux d'observer que c'est là le sort réservé par Dante aux meilleurs Florentins. Seul Arrigo n'est plus mentionné dans le poème; on ne sait d'ailleurs pas à qui le poète faisait allusion.

[61] Pluton était le dieu de l'Enfer, selon la mythologie. Dante paraît l'avoir confondu, sciemment ou par erreur, avec Plutus, dieu de la richesse et fils de Cérès: c'est ce qui explique qu'il préside aux peines des avares, et que Dante le considère comme un «sinistre ennemi», puisque c'est de la soif de l'or que viennent tous les maux du monde.