[144] La tradition, telle qu'on la connaissait à Florence du temps de Dante, prétendait que Fiésole ayant été détruite Par les Romains, lors de la rébellion de Catilina, une partie de ses habitants alla s'établir à Florence, que les mêmes Romains venaient de fonder. Le reste de la population de la ville nouvelle fut composé par des Romains, dont Dante parle un peu plus loin, et dont il a la prétention de descendre.
[145] Probablement la prédiction de Farinata degli Uberti, cf. plus haut, chant X.
[146] Priscien était un célèbre grammairien du VIe siècle. François Accurse, fils du célèbre Accurse, rénovateur du droit romain, avait été lui-même professeur de droit à Bologne et était mort en 1294, la même année que Brunetto Latini.
[147] Andréa dei Mozzi, évêque de Florence (1286), transféré à Vicence, sur le Bacchiglione, en 1295, y mourut le 28 août 1296. Le serf des serviteurs de Dieu, qui est l'orgueilleux Boniface VIII, l'avait transféré de Florence, où il s'était rendu ridicule. Le sens lubrique des «nerfs trop mal tendus» n'est pas admis par tous les commentateurs.
[148] Allusion à la course à pied que l'on faisait à Vérone, le premier dimanche de Carême, et dont le prix était une pièce de drap vert.
[149] Ce sont Guido Guerra, Tegghiajo Aldobrandi et Jacques Rusticucci. Le premier (12207-1272), de la famille des comtes Guidi, fut un des chefs guelfes de Florence, exilé après la bataille de Montaperti (1260-1267). Le second appartenait à la famille des Adimari; on ne sait presque rien du dernier. Ce sont, en tout cas, des Florentins de marque et des chefs du parti guelfe. On ne sait, quant au vice que leur attribue le poète, aucun détail autre que ceux que l'on trouve ici.
[150] Gualdrade, fille de Bellincioni Berti dei Ravignani, épousa le comte Guido le Vieux, tronc de tous les comtes Guidi.
[151] Parce qu'à ce qu'il paraît, Tegghiajo avait déconseillé l'expédition contre Sienne, qui s'était terminée par la terrible défaite de Montaperti (1260).
[152] Cette allusion n'est pas claire. La tradition prétend que la méchanceté de sa femme avait jeté Rusticucci dans le vice; mais il s'agit peut-être d'une légende qui part précisément de ce texte de Dante.
[153] En italien, cortesia e valor. Il faut les entendre dans le sens particulier que Dante attribuait à ces mots (Convivio, II, 11 et IV, 2): la courtoisie est pour lui l'équivalent de l'honnêteté, et le courage est la bonté naturelle.
[154] Guillaume Borsière, Florentin, dont on sait seulement qu'il avait abandonné son métier de fabricant de bourses pour vivre en courtisan des princes et des grands.
[155] Le Montone, petit fleuve qui débouche dans l'Adriatique, au sud de Ravenne. «Il fait tout seul son lit», parce que c'est le seul cours d'eau du versant nord des Apennins qui ne se verse pas dans le Pô. Acquacheta est l'un des torrents qui lui donnent naissance.
[156] San Benedetto dell'Alpe est un couvent au-dessus de Forli, à petite distance de la chute d'eau d'Acquacheta. Le sens du dernier vers n'est pas clair. Certains commentateurs interprètent comme nous. D'autres comprennent: «là où il devrait y avoir de la place pour mille», ce qui est aussi possible, et interprètent de deux façons différentes: les uns pensent que c'est une allusion au couvent, qui est assez riche pour abriter mille moines, et les autres, que cette importante cascade fertilise tellement la vallée environnante, que mille personnes pourraient y vivre à leur aise.
[157] Le poète n'avait pas fait mention de cette corde, au premier chant, tel que nous le connaissons maintenant. On admet qu'il veut parler du cordon de l'Ordre de Saint-François; ou bien que ce cordon est un pur symbole, qui représente la chasteté ou quelque autre vertu; mais les deux opinions sont également aventurées.
[158] Cf. la note 85.
[159] Géryon, symbole de la fraude. Dans la fable, Géryon était un géant tricéphale, qu'Hercule avait mis à mort et dont le monstre de Dante n'a pris que le nom.
[160] Les deux poètes se trouvent en cet instant sur le bord intérieur du septième cercle, à l'endroit d'où ils entreprendront la descente au huitième, qui se trouve à une grande profondeur au-dessous d'eux: c'est Géryon qui doit assurer leur transport.
[161] Ce sont les usuriers, qu'on peut identifier grâce à leur écu d'armes, brodé sur le sac vide qu'ils portent au cou. Ce n'est sans doute pas par hasard que Dante introduit d'abord la Fraude, symbolisée par Géryon, et ne prend qu'ensuite contact avec les usuriers.
[162] Ce sont les armes des Gianfigliazzi, de Florence; il s'agit peut-être de Catello di Rosso Gianfigliazzi, ou de son frère, qui pratiquèrent l'usure en France.
[163] Blason des Ubriachi de Florence, et probablement de Ciappo Ubriachi, que les contemporains désignaient comme usurier.
[164] Reginaldo Scrovegni, de Padoue; cet usurier appartenait à la famille qui possédait la célèbre chapelle peinte par Giotto.
[165] Vitaliano del Dente, de Padoue; il vivait encore en 1307, date à laquelle il fut élu podestat de la ville.
[166] Giovanni di Buiamonte, Florentin, de la famille des Becchi, l'un des chefs des Gibelins, fut gonfalonier de la justice en 1293; mais il fit faillite en 1308 et mourut deux ans plus tard. On attribue sa ruine à sa passion pour le jeu. Le titre de chevalier, qu'on lui donne ici, est d'une ironie d'autant plus sanglante qu'en effet cet usurier avait été créé chevalier vers 1297. Cf. M. Barbi, Vegna il cavalier sovrano, dans Con Dante e coi suoi interpreti, Florence 1941, pp. 213-240.