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(Il se perce de son épée.)

LODOVICO. – Ô sanglante catastrophe!

GRATIANO. – Tout ce que nous avons dit ne peut plus s’accomplir.

OTHELLO, s’approchant du lit en chancelant. – Je t’ai donné un baiser avant de te tuer. – En me tuant, je ne puis m’empêcher d’aller mourir sur tes lèvres.

(Il meurt en embrassant Desdémona.)

CASSIO. – Voilà ce que je craignais. – Mais je croyais qu’il n’avait point d’arme, car il avait le cœur grand.

LODOVICO, à Jago. – Chien de Sparte, plus impitoyable que la douleur, la faim ou la mer, contemple le tragique fardeau dont ce lit est chargé. Voilà ton ouvrage. Ce spectacle empoisonne la vue. – Qu’on le cache. – Gratiano, gardez la maison et prenez possession des biens du More; ils vous reviennent en héritage. (À Cassio.) C’est à vous, seigneur gouverneur, qu’appartient le châtiment de cet infernal traître: choisissez le temps, le lieu, les tortures: oh! redoublez les tortures. Moi je m’embarque à l’instant, et je vais d’un cœur désolé raconter au sénat cette désolante aventure.

Fin du cinquième et dernier acte.

(1604)

[1] Hecatommythi ovvero cento novelle di G. -B. Giraldi Cinthio part. I, décad. III, nov. 7, pages 313-321; édition de Venise, 1508.

[2] Covered with a Barbary horse.

[3] Shakspeare se sert ici d’un proverbe grossier: Your daughter and the Moor are now making the beast with two backs.

[4] C’est probablement le nom de quelque auberge de Venise.

[5] Magnifiques était le terme d’honneur en usage pour les seigneurs vénitiens.

[6] A guinea-hen; littéralement, une poule de Guinée. C’était une expression usitée du temps de Shakspeare, pour désigner une fille publique.

[7] Proverbe du temps qui signifie échanger ce qui est excellent pour ce qui ne le vaut pas.

[8] En regardant de loin Desdémona et Cassio qui causent, Jago voit Cassio envoyer des baisers avec la main, pendant que Desdémona lui fait la révérence.

[9] Les couplets sont tirés d’une vieille ballade populaire du temps de Shakspeare, et qui se trouve dans un recueil intitulé: Relicks of ancient poetry, 3 vol. in-12.

[10] I’ll watch him tame: comparaison avec les animaux qu’on apprivoise, et à qui on apprend des tours en les privant du sommeil. Ce moyen a été employé avec succès pour les chevaux; il l’était autrefois pour les faucons et autres oiseaux de chasse.

[11] En voyant entrer Othello préoccupé et sombre, Jago se dit à lui-même que tout ce qu’il vient de dire sur les effets de la jalousie est vrai: Je le disais bien. C’est l’explication de Steevens et la seule qu’on puisse donner, avec vraisemblance de ces mots: I did say so.

[12] That the probation bear no hinge nor loop

To hang a doubt on.

Littéralement: Que la preuve n’ait ni crochet ni nœud où se puisse suspendre un doute.

[13] Behold her topp’d.

[14] Bolster.

[15] Voici le texte qu’il était impossible de traduire exactement:

And then, sir, would he gripe and wring my hand,

Cry: – o sweet creature! – And then kiss me hard,

As if he pluck’d up kisses by the roots

That grew upon my lips; then lay’d his leg

Over my thigh and sigh’d and kiss’d and then

Cri’d: «cursed fate gave thee to the Moor!

[16] Dans l’impossibilité de rendre avec exactitude tous les calembours du bouffon, on a tâché de suppléer par des équivalents; il joue sans cesse sur les mots to lie, être couché, être dans quelque endroit, et to lie, mentir. Ce jeu de mots est très-fréquent dans Shakspeare.

[17] Or to be naked with her friend abed

An hour or more, not meaning any harm!

OTH. – Naked abed, Jago, and not mean harm!

[18] Nature would not vest herself in such shadowing passion without some instruction Les commentateurs ont tourmenté de mille façons le passage dont le sens tel que nous l’avons donné est parfaitement clair et d’accord avec les mots qui précèdent comme avec toute la situation.

[19] Othello se rappelle ici les perfides comparaisons de Jago, lorsqu’il cherche pour la première fois à exciter la jalousie du More.

[20] O ay; as summer flies are in the shambles,

That quicken even with blowing.

Littéralement: Oui, comme sont, dans les boucheries, les mouches d’été qui s’accouplent en étendant leurs ailes.

[21] I should make very forges of my cheeks

That would to cinders burn up modesty.

Littéralement: Je ferais, de mes joues, des forges qui réduiraient en cendres la pudeur elle-même.

[22] Cette chanson est une ancienne ballade qui se trouve dans les Relicks of ancient Poetry. Le saule était alors, en Angleterre, l’arbre de l’amour malheureux.

[23] Put out the light and then put out the light:

Ce passage a beaucoup occupé les commentateurs: son sens le plus naturel est celui que nous avons adopté; Othello applique successivement l’expression put out the light, éteindre la lumière, au flambeau allumé qu’il éteint, et au flambeau de la vie de Desdémona, rien n’est plus commun dans Shakspeare que ce double emploi du même mot appliqué, dans le même vers, à deux objets différents. Warburton avait changé le sens, en changeant la ponctuation.